InfoVent InfoMer
19-05-2024 à 07:34

W   1 Noeuds

Rafales   3 Noeuds

Température mer 15°C

Historique

InfoNavigation
InfoSondage
Faut-il revenir à une gestion du port en régie municipale ?
Résultats  Anciens sondages
  • Votes : 1107
  • Commentaire(s) : 11
InfoRigolo
C'est assez! dit la baleine. Voyez mon dos fin comme il se cache à l'eau.
InfoVidéos

Publiée le 05-06-2022

InfoLocalisation
InfoMèl
Recevez par mail les nouveautés du site.
InfoDon
Contribution à l'indépendance du site en le soutenant financièrement

InfoThèque
InfoMinisites

Index du forum »»  La Taverne du port »» Des nouvelles de "Marie Alice"

Modérateur(s)infocapagde

Poster une réponse dans le sujet

A propos des messages publiés :
Les utilisateurs anonymes peuvent poster de nouveaux sujets et des réponses dans ce forum.

 

Aperçu des sujets :

Non enregistré Non enregistré
Posté : 06-07-2009
Merci les amis de vos commentaires
Cela fait toujours plaisir. Je suis en escale à Trinidad ou je vais laisser le bateau à sec et je rentre en France. La suite c'est pour février 2010 ou je retourne chercher Marie-Alice après la saison des cyclones pour la ramener en Europe

Cordialement

Richard [addsig]
Non enregistré Non enregistré
Posté : 05-07-2009
OUF! Mr Richard cela fait du bien de pouvoir lire vos aventures grâce à Infocapage.....celà change de certain sujet qui devienne de plus en plus agressif et ridicule....Merci vous faites un beau voyage et votre site est extraordinaire.....Bonne continuation à Marie Alice
infocapagde infocapagde
Posté : 04-07-2009
De Cayenne à Trinidad

L'escale en Guyane va être l'occasion d'une révision complète du bateau et de son équipage. En premier il faut s'occuper de Nathalie. Nous l'emmenons aux urgences de l'hôpital de Cayenne où sera diagnostiquée une infection cutanée. Il va lui falloir du repos et des antibiotiques. Pour moi il est urgent que je trouve un dentiste. Une de mes incisives est en train de tomber et finalement cela sera deux dents qui me seront soustraites pour les remplacer par des toutes neuves en résine. Et enfin se sera le tour de Marie-Alice qui a beaucoup souffert lors de cette remontée avec une humidité à 90% du au climat équatorial.
Beaucoup de connexions électriques donnent des signes de défaillance. Mon Pc de bord a des ratées et l'autre a carrément rendu l'âme. Je n'ai pas eut d'autre choix que d'en racheter un. Puis cela a été le tour du groupe électrogène qui semble avoir serré. Comme si cela n'était pas suffisant afin que je n'aie plus de 220v à bord c'est l'onduleur qui a rendu l'âme. Il fallait penser à faire la vidange et l'entretien du moteur. Enfin réparer la plateforme arrière. Bref de quoi s'occuper pendant quelques jours avant de penser au tourisme.

En Guyane si l'on a des amis sur place on trouve à peu près tout mais il faut être patient. Mon ami d'enfance qui habite depuis plus de 20 ans à Cayenne nous a été d'un secours plus que précieux. Que cela soit pour un rendez-vous chez le dentiste où il faut habituellement attendre trois mois où pour trouver la pièce du bateau introuvable. Ce cher Eric qui a des amis partout solutionne tous les problèmes.
Nous avons le temps et nous avons prévu nous arrêter au minimum trois semaines ici. Nathalie fortement éprouvée ces dernières semaines, décide de rentrer en France avec Crevette. Je remontrais Marie Alice seul jusqu'à Trinidad pour la laisser le temps de la période cyclonique. Nous avons élu domicile chez mes amis et nous nous réhabituons à une vie de terrien. La belle Marie-Alice reste seule au port de Dégrades de Cannes.

Le port de Dégrades de Cannes n'a vraiment rien de la marina idéale. Située au bout d'un chenal interminable avec un courant traversier important elle est implantée sur le fleuve Mahuri. Il faut dépasser les vedettes militaires et le port de commerce pour apercevoir les pontons et les mats des voiliers. Entre le port de commerce et la marina se trouve un terminal maritime qui alimente une usine de ciment. Cette erreur d'implantation à pour conséquence deux fois par mois de recouvrir nos bateaux d'une couche de poussière de ciment particulièrement difficile à nettoyer.
La marina est surchargée de bateaux qui occupent leurs places à l'année. Beaucoup d'équipages se sont arrêté ici pour travailler afin de refaire la caisse de bord, au point même qu'un journaliste de la presse écrite guyanaise comparait la marina à un camp de réfugié. Heureusement la solidarité entre marin fonctionne et on trouve toujours une place pour un plaisancier en transit.

Après une manœuvre délicate dans le fort courant du Mahuri j'ai pu amarrer Marie-Alice à couple d'un autre bateau. Les installations électriques sont plus que précaires mais un petit bricolage me donnera le courant.

Passé les premières urgences nous pouvons songer à découvrir les curiosités de ce département d'outre mer.

Pour notre première sortie nous avons choisi l'îlet la mère. Situé à quelques miles de Dégrades de Cannes cette petite île se trouve à tribord du chenal en sortant. L'abord n'est pas particulièrement aisé car comme tout le long de cette côte de l'Amérique du sud les fonds ne sont jamais importants. Nous sommes donc obligé de mouiller à la pointe nord de l'île et finir en annexe. Un débarcadère et une aire de pique-nique y ont été aménagés. Le site est magnifique. Nous débarquons avec nos amis et le repas du midi. Nous sommes au milieu d'une végétation tropicale exubérante et les pluies tropicales nous ont épargnées jusqu'à lors.

A peine installée sur les tables et bancs en bois, nous avons l'heureuse surprise d'une compagnie inattendue. Une colonie de petit singe semble très intéressée par notre repas. Ils nous surveillent à quelques mètres perchés sur des branches. Leur arrogance est sans limite et cela nous amuse beaucoup. Certains même sont passés en courant sous la table pour essayer de nous chiper quelques nourritures. Heureusement Crevette monte la garde et nous pourrons manger tranquille sans être obligé de tout surveiller. Elle monte une garde active et courre après tout ce qui passe à moins de deux mètres de la table.
Un sentier côtier a été aménagé. En le suivant nous pouvons apprécier les différentes essences d'arbres tropicaux et les petites criques sauvages. Mais la journée avance et il faut songer à rentrer. La journée sera bien remplie et nous rentrerons en fin d'après midi.

Nous décidons de louer une voiture pour visiter plusieurs lieux caractéristiques de la Guyane. Nous commencerons par le site d'Ariane espace à Kourou. Depuis les années 70 la France a choisie la Guyane pour ses tirs de fusée. Faut dire que la situation géographique de ce département d'outre mer en fait un site de premier choix. Sa proximité de l'équateur permet aux lanceurs d'économiser un maximum de carburant pour mettre en orbite leurs satellites. Le port européen de l'espace est un complexe immense qui fait travailler 1500 personnes sur place.
Des visites sont organisées pour permettre à ceux qui le désirent de découvrir les différents bâtiments où sont assemblés les fusées et les pc de commandements ainsi que le pas de tir. Cette visite guidée qui dure trois heures nous apprendra beaucoup de chose sur ce premier lanceur de satellite commercial mondiale.

Nous reprenons la voiture en direction de St Laurent du Maroni. 200km d'une route nationale à deux voies nous sépare de notre prochaine destination. Même s'il s'agit d'une route à deux voies la chaussée est bonne et 3 heures après nous arrivons à St Laurent. C'est la ville tristement célèbre du camp de la transportation accueil du bagne. Il est 18 heures, la nuit tombe, nous visiterons la ville demain. En Guyane la vie est chère et les infrastructures hôtelières pas toujours à la hauteur. Nous avions réservé à l'hôtel du lac qui s'est révélé bien médiocre en rapport du prix demandé. Pour la suite nous avons été mangé le fameux jamais goûté spécialité de poisson guyanais qui nous avait été recommandée. Ce jamais gouté ne nous a pas laissé un souvenir intarissable et même si on ne l'avait jamais gouté cela n'aurait pas une perte inestimable !


Au petit matin la ville nous apparu beaucoup plus typique que Cayenne. Les rues sont bordées de maisons traditionnelles aux styles coloniaux. Nous arrêtons nos pas sur un marché très couleur locale où les différentes communautés se côtoient pour vendre leurs différentes marchandises. Nous reconnaissons les hmong, les marrons, les surinamiens et les chinois.

En continuant la ballade le long des ses rues animées, nous arrivons à la sous préfecture. C'est une ancienne maison de maître restaurée. Le quartier dans lequel nous nous promenons s'appelle le petit Paris. A l'époque du bagne ces quartiers étaient entretenus par cette main d'œuvre gratuite. Il s'agissait de bâtisses élégantes occupées par les cadres de l'administration pénitentiaire. Le long du Maroni le reste d'un ponton et un cabanon avec une balance nous rappelle le débarcadère du bateau où étaient débarqués les bagnards. Nos pas nous guident au fameux camp de la transportation. Construit en 1855 c'est ici que c'est joué une période sombre de notre histoire. Les bagnards avaient remplacés la main d'œuvre gratuite de l'esclavage. Lorsque nous passons la porte de l'enceinte pour arriver sur cet alignement de bâtiments nous pouvons imaginer ce qui pouvait se passer dans la tête de ces hommes qui en avaient prix pour plusieurs dizaines d'années.
La première salle était prévue pour l'accueil des nouveaux arrivants. Ils étaient enchaînés aux anneaux scellés dans le mur. Ensuite nous découvrons les cellules. Deux mètres sur un avec une planche de bois c'est l'unique univers des détenus. Le plafond est à claire voie et laisse passer la pluie tropicale. Dans cet univers de chaleur intense et d'humidité à 90% les êtres dotés de santé fragile ne devait pas faire de vieux os.
En quittant le bagne nous repensons à Papillon ou encore à l'affaire Sesnec. Sur la route qui nous ramène à Cayenne nous nous arrêtons à Iracubo où une église à été décoré par un bagnard. C'est une curiosité qu'il ne fallait pas manquer pour découvrir le talent de cet artiste inconnu faussaire de son état.

Nous ne pouvions pas quitter la Guyane sans aller voir la ponte des tortues Luth. C'est assez extraordinaire de voir ces animaux tout droits sortis de la préhistoire gravir les plages. Cela se passe à une époque précise et nous pouvons les observer juste avant la marée haute lors des grands coefficients. Dés que nous arrivons sur la plage nous avons la chance de voir une de ces géantes. La tortue à fait un énorme trou et y dépose ses œufs .On la voit accoucher dans la douleur et les larmes lui coulent des yeux. Au bout d'une demi heure lorsqu'elle a finit, elle recouvre son trou avec le sable et repart vers la mer. Cette énorme bête a toutes les peines du monde pour se mouvoir sur le sable. Epuisée par la ponte elle se hisse sur les monticules de sable pour rejoindre la mer. De temps en temps elle s'arrête épuisée pour reprendre son souffle. Enfin elle touche l'eau et retrouve toute son aisance, et disparaît dés la deuxième vague.


Le séjour en Guyane touche à sa fin. Nathalie est repartie pour la France et je fais les derniers préparatifs pour reprendre la mer. J'ai trouvé un équipier pour la dernière étape de notre voyage qui doit nous mener à Trinidad. Cette escale en Guyane a été l'occasion de retrouvaille avec mon ami d'enfance Après la gastronomie Brésilienne qui n'est pas une référence en la matière, ce fut un réel plaisir de faire la fête et de retrouver notre bonne cuisine française.. Mais il faut penser à repartir pour terminer la première partie de ce voyage. La prochaine escale sera les îles du salut puis Paramaribo au Surinam pour finir à Trinidad. Là je laisserai Marie Alice pendant la période des cyclones.

Nous quittons ce lundi 15 juin au matin le port de Dégrade de cannes. Mon ami Eric est sur le ponton et nous fait des signes de la main pour nous dire au revoir. Marie Alice s'élance dans le courant de la marée descendante dans ce chenal qui nous conduit à la mer. Le temps est gris et l'humeur est morose. C'est toujours ainsi lorsque l'on quitte une escale où on était bien. Nous voguons doucement avec mon nouvel équipier vers les îles du salut. C'est 35 miles qui nous séparent et cela sera seulement en fin de soirée que nous arriverons devant l'île Royale. Le mouillage est rouleur nous passerons la nuit un peu chahuté par une houle qui rentre par le travers.

Au petit matin nous nous réveillons sur un paysage idyllique. Ce sont trois petites îles à la végétation tropicale exubérante nous entourent. Avant de visiter les anciennes installations du bagne, il faut d'abord penser à nettoyer le bateau. L'eau était tellement trouble au port de Dégrade de Cannes que l'on ne voyait pas à 30 cm. Nous reprenons donc la corvée du grattage mais cette fois-ci dans une eau plus claire. Beaucoup de crustacés s'étaient accumulés le long de ce séjour au port et pas un cm² de coque n'a été épargné. La séance nettoyage nous a bien pris deux heures à deux.
Nous pouvons à présent penser à visiter ce haut lieu de l'histoire du bagne français. Les bâtiments administratifs de l'établissement pénitencier se trouvaient sur l'île royale. Ils ont été restaurés et l'un d'entre eux a été transformé en hôtel restaurant. Si nous ne connaissions pas l'histoire de ces îles nous pourrions penser à des lieux paradisiaques. L'écrin de verdure tropicale est luxuriant. De nombreux animaux vivent en toute quiétude. Nous croisons des cochons bois, des paons, des faisans. L'île est entretenue et des chemins soignés qui en font le tour, nous emmène visiter les différents bâtiments.

L'après-midi nous décidons de changer de place pour trouver un mouillage plus calme pour. Nous traversons le petit chenal entre les îles et mouillons Marie-Alice devant l'île St Josef. Nous descendons à terre. C'est ici que les prisonniers étaient détenus. Les bâtiments n'ont pas été restaurés à part l'église et le phare. On peut tout à fait imaginer le quotidien des bagnards dans cet enfer vert humide et chaud. Les pluies incessantes tropicales qui mouillent leurs cellules sans toit. Nous nous engageons dans un grand bâtiment où se trouve une immense courre centrale couverte. Tout autour des grilles solides donnent sur des couloirs sans fin où se trouvent les cellules. Ces dernières ne représentent même pas le minimum vital. D'environ deux mètres de long sur un mètre cinquante de large, elles sont juste équipées d'une bannette en ciment ou le prisonnier pouvait s'allonger. Le plafond est composé de barreaux et laisse passer la pluie.

Nous sortons de ces bâtiments avec une impression bizarre en pensant à la vie de ces pauvres malheureux. Le sentier à présent nous conduit au cimetière face à la mer. Quelques cailloux alignés délimitent les tombes. Nous apercevons ce qui ressemble à un treuil. Scesnec était détenu à l'isolement en face sur l'île du Diable c'est le reste du système de câble qui servait entre les deux îles pour faire passer les vivres pour survivre (si on peu appeler cela ainsi). Lorsque l'on voit les brisants et les courants on comprend aisément que les tentatives d'évasions étaient quasiment impossibles.

Nous rentrons au bateau pour le repas du soir. Demain nous attend une étape de 195 milles pour rejoindre Paramaribo au Surinam. Au lever du jour nous appareillerons.

Le jour se lève sur les îles du salut et le temps est gris. Un petit zef nous accompagne grand largue. Ça y est nous sommes partis pour cette étape de 190 milles. J'ai prévu en partant tôt le matin arriver le lendemain 14h à l'entrée du chenal d'entrée du fleuve Surinam. Le vent n'étant pas très puissant nous sollicitons l'ami Volvo pour maintenir notre moyenne. Malgré tout cela nous arriverons seulement à 16 heures à l'entrée du chenal.

Ce que je n'avais pas calculé c'est la longueur de ce dernier. C'est 16milles qui séparent la première bouée du chenal au mouillage que nous avons repéré sur les instructions nautiques. Apparemment il est possible de mouiller devant l'hôtel Tourarica en moyennant finance pour en avoir les commodités. Tout aurait été parfait si l'horaire avait été respecté. En guise de cela nous voici contre un courant de 3 nœuds qui ralentit considérablement notre allure. Comme un tracas ne vient jamais seul c'est ici que l'ami Volvo joue des sienne. L'alarme de charge se met à sonner et le bruit de courroie me confirme que cette dernière patine. Ce n'est pas tout à fait l'endroit pour la changer, de plus le vent n'est pas franchement avec nous mais en réduisant les tours moteurs j'arrive à stabiliser ce patinage.

Nous avançons à peine à 2 nœuds 5 à contre courant et vu la distance qu'il nous reste nous allons arriver de nuit. Qu'importe, patiente et longueur de temps vaut mieux que force et ni que rage. Le long de notre longue remontée nous avons le droit à la visite de la police maritime. La vedette s'approche doucement et le fonctionnaire enjambe les deux bastingages alors que nos deux bateaux continuent à faire route. L'homme est assez sympathique. Il nous demande nos papiers et contrôle nos passeports avec l'acte de francisation. Il rempli deux trois papiers, je lui déclare mon fusil et me dit c'est bon. Je lui demande si j'ai d'autres formalités à faire et il me répond que c'est bon. Il ne tamponne même pas nos passeports et nous souhaite la bienvenue au Surinam. Ce premier contact est convivial et les fonctionnaires de ce pays semblent être assez cool nous verrons par la suite.

La nuit commence à descendre et nous remontons c'est interminable chenal à la vitesse d'un escargot. Finalement après avoir laissé la dernière bouée rouge à tribord nous arrivons devant le Tourarica. Pendant cette longue remontée j'avais eu le temps de gonfler l'annexe et c'est à 21 heures que je mouille mon ancre dans ce courant du diable.

Question : Est-ce que cela va tenir ? Réponse Je laisse filler mes 40 mètres de chaîne et le bateau se stabilise à 50 mètres du ponton de l'hôtel. Un grand coup de marche arrière pour sécuriser le tout et nous voilà ancré.

Autre question : Comment cela va se passer à la renverse ? Réponse nous verrons cela le moment venu.

Après cette longue étape fatigante nous optons pour un souper léger et le sommeil mérité. Nous irons à terre demain.

La renverse de courant c'est bien passé et Marie-Alice semble s'accommoder de ce mouillage en fort courant. Nous prenons contact avec l'hôtel pour signaler notre présence et nous inscrire pour profiter des douches et des commodités de l'hôtel. La surprise a été forte lorsque l'employée de la réception nous a annoncé le prix ! 50 dollars us par jour. Cela fait cher la douche mais qu'importe maintenant que nous sommes installés je n'ai pas trop envie de changer de place. J'accepte en arrivant quand même à frouiller 2jours sur les 4

Nous remettrons la mécanique partie à demain matin. Nous avons hâte de profiter d'une bonne douche et de se civiliser.

Le premier contact avec la ville est assez surprenant. C'est la hollande sous les cocotiers avec une population créole très courtoise. La ville est coquette. Par contre, nous manquons plusieurs fois de nous faire écraser peu habitué de voir rouler les voitures à gauche. Presque toutes les maisons peintes en blanc sont en bois avec le style hollandais. Le palais du président de la république est imposant et fait face à une place immense plantée de cocotiers. Nous nous promenons dans la ville en toute quiétude. Une atmosphère de tranquillité plane sur cette citée.

A chaque nouvelle escale c'est toujours le même rituel. D'abord il faut trouver de l'argent local puis acheter de quoi se nourrir. Après nous pourrons apprécier le confort d'une terrasse de café avec une bière glacée. Malheureusement tout n'est pas toujours simple. Ici trouver un distributeur de billet qui fonctionne avec la carte visa internationale relève du parcours du combattant. Somme toute au bout de deux heures après m'être battu avec les distributeurs je finis par acquérir les fameux dollars Surinamiens. La journée se passe sans que l'on ait le temps de s'en apercevoir et c'est le soir en rentrant au bateau que mon moteur d'annexe décide de nous faire des misères. Nous voilà cloué au bateau sans possibilités de descendre à terre. L'aventure à la rame dans ce courant de 4 nœuds me semble peu probante. La sortie en ville du soir se retrouve annulée et nous aviserons demain matin.

La nuit porte conseille. Je décide de m'amarrer à portée d'aussières du ponton branlant du fameux hôtel. La manœuvre dans ce fort courant est délicate. Au bout d'une heure, fort d'une ancre avant et une ancre arrière ainsi que de nombreuses gardes au ponton nous finirons par sécuriser la belle Marie Alice à trois mètres des poteaux en bois du débarcadère. De là avec une aussière il nous sera facile de nous servir de l'annexe pour débarquer.



Maintenant c'est les corvées d'eau et de gasoil qui commence avec le ballai des jerricans. Il nous a fallut toute la matinée pour remplir les réservoirs d'eau et de carburant. Il nous reste plus qu'à trouver des vivres pour 5 jours et cela sera terminé. En rentrant il me reste encore à changer ma courroie d'alternateur et nous seront prêt pour appareiller demain matin. C'est le quotidien du plaisancier ! Mais enfin on ne va pa se plaindre nous l'avons voulu non ?! Alors !… Les ennuis continuent ! Décidément rien ne va comme je veux. La courroie de rechange que m'avait donné l'ancien propriétaire du bateau n'est pas la bonne. Tant pis je retends à mort la vieille en espérant qu'elle tienne jusqu'à Trinidad. A cette heure-ci il ne faut pas compter en trouver une ici de plus demain c'est dimanche alors nous nous contenterons de ce bricolage.

Nous ferons contre mauvaise fortune bon cœur et nous allons profiter de notre soirée pour nous détendre avant les 500 milles qui nous attendent.

Nous sommes la nuit du 20 au 21 juin et l'alliance française de Paramaribo a organisée la fête de la musique. C'est dans cette ambiance festive que nous passerons notre dernière soirée au Surinam. Demain nous appareillerons avec la marée pour notre prochaine étape.

Il fait gris et nous quittons avec la marée le ponton de l'hôtel Torarica. La manœuvre est complexe. J'ai mis deux ancres et des gardes de partout pour éviter que la belle Marie se promène dans ce fort courant. Apres avoir lâché les gardes le jeu consiste à sortir les deux ancres qui sont solidement plantées dans la vase. Cette opération est impossible sans l'aide du guindeau. Alors nous lâchons suffisamment d'amarre sur l'ancre arrière pour remonter l'ancre avant. Ensuite il faut reprendre très vite l'amarre de l'ancre arrière lorsque l'avant à décroché pour éviter une dérive trop importante. La dernière opération sera d'arracher la dernière ancre avec le guindeau pour enfin nous libérer.

Ça y est nous voici enfin libre et nous descendons à présent le fleuve Surinam en direction de la sortie. La vitesse de fond est impressionnante. Bien que l'ami Volvo soit handicapé par sa courroie et n'accepte pas plus de 1500 tours nous filons à 7 nœuds. Les bouées du chenal défilent et vers midi nous serons enfin en vue de la dernière bouée.

A présent commence cette longue route monotone. L'alizé n'est pas très fort et nous devons nous écarter de la côte pour retrouver le courant qui va nous pousser jusqu'à Trinidad. La première journée sera achevée avec une moyenne décevante. Nous ferons à peine 98 milles. Malheureusement mon équipier a des impératifs de temps et il faut accélérer. La deuxième journée je solliciterais l'ami Volvo bien fatigué pour nous aider à maintenir une moyenne plus acceptable. C'est enfin au matin du troisième jour que seigneur Eole sera au rendez vous. Ça y est ! Nous avons pris l'autoroute pour les Antilles. Le vent et le courant nous emmènera à plus de 6 nœuds de moyenne pendant les prochains jours et nous fera récupérer notre retard.

Nous aborderons l'île de Trinidad par l'est en doublant le phare de Galera point. Avant cela nous passons devant les énormes plateformes pétrolières qui illuminent de leurs torchères la nuit étoilée. Cette route plus longue que le passage par l'ouest nous fait éviter les cotes Vénézuélienne et la proximité du terrible delta de l'Orénoque ou sévissent les pirates.

Le jour se lève entre Trinidad et Tobago Je suis de quart et je vois doucement apparaître ces îles. Le vent et le courant est toujours avec nous. Marie-Alice file fièrement ces 6 nœuds. Bientôt je vais virer bâbord pour entamer la longue descente de Trinidad. Le soleil commence à pointer ces rayons et par magie cette île montagneuse couverte de forêt tropicale s'illumine. Ce spectacle de privilégié valait bien toutes les petites misères que nous réservent des fois la navigation. Dans ces moments là, il nous semble être seul au monde face à la divination de la nature.

Nous avons 40 milles à descendre afin de passer les fameuses bouches du Dragon qui nous ouvrent la porte de la baie de Chagaramas point final de notre voyage aller.
Ce nom plein d'exotisme nous fait rêver. Déjà un vol de pélican nous accompagne en signe de bien venue. Les nuages passent en descendant le long des crêtes des montagnes et se transforment en grain à proximité des plages. C'est un festival d'arc en ciel. Cette fin de voyage nous réserve une découverte exceptionnelle de paysages.

Cette descente de l'île est interminable et nous sommes impatients de mettre pied à terre. Ces montagnes qui plongent dans la mer sont toujours source à des vents catabatiques. Rompus à ce genre d'exercice en méditerranée, je reste sur mes gardes. Bien m'en a pris ! En milieu d'après midi un grain accompagné de vent de 35 nœuds vient nous secouer copieusement avant d'attaquer la fameuse passe des bouches du Dragon. Je suis un peu inquiet car rentrer dans ce canal d'environ deux cent mètres de large entre les montagnes avec mon moteur poussif et des vents qui tourne au gré des falaises me semble délicat.

La mer nous réserve toujours des surprises et à l'entrée de la passe un magnifique arc en ciel nous attend et le ciel bleu revient. Nous nous engageons dans ce passage étroit. Une petite brise nous permet de faire un prés serré, mais il faudra tirer deux bords pour sortir du canal. A présent nous rentrons dans la baie de Chagaramas. Plusieurs criques se découpent formant des abris calmes pour quelques voiliers au mouillage. De splendides maisons sont ici et là avec leurs pontons privés. La nature est grandiose nous avons le droit au ballet des pélicans qui plongent dans la mer à la recherche de leurs nourriture. C'est magique pour ces derniers milles Marie-Alice est escorté par les dauphins. Nous tirons des bords dans cette baie entre les îlots et nous finissons par arriver à l'endroit où se trouvent tous les chantiers navals. Dans une dernière manœuvre j'immobilise Marie-Alice à une place de la magnifique Marina CrewsIn.

J'arbore le pavillon jaune qui est la marque internationale pour signifier aux autorités que nous n'avons pas encore passés les formalités d'émigration. Des que nous mettons pied à terre le personnel de la marina nous indique les différents bureaux pour faire notre entrée dans le pays. Tout est centralisé et au bout de trois quart d'heure je sors du dernier bureau avec mon passeport tamponné et l'entrée du bateau faite.

Trinidad et Tobago tirent la majorité de leurs revenus du pétrole et du gaz. C'est un état anglophone indépendant adhérent au Commonwealth. Sa position géographique en bas de l'arc des Antilles est suffisamment sud pour le mettre à l'abri des cyclones. Vous l'aurez compris son activité économique n'est pas basé sur le tourisme. Les gens sont sympathiques mais ne font pas particulièrement d'effort pour les visiteurs. De plus ils parlent l'anglais avec un terrible accent pratiquement incompréhensible à mon anglais de ponton !! Mais qu'importe cela fait aussi parti du voyage.

Autour de la baie de Chagaramas une énorme activité nautique s'est implantée. De nombreux chantiers navals se sont installés avec des infrastructures qui feraient rougir nos meilleurs chantiers. Les énormes travel lift peuvent sortir des bateaux de plus 50 tonnes. C'est la Mecque de la plaisance. On trouve tous les corps de métiers et toutes les marques sont représentées. Pas de problème pour trouver la petite pièce moteur qu'il vous manquait ou pour faire réparer votre matériel électronique. L'univers est anglo-saxon. La majorité des pavillons sont Américains ou Anglais voir certains autres de complaisance tel le Delaware ou Gibraltar. Si au Brésil on rencontrait une majorité de Français, ici faut les chercher. J'ai quand même reconnu quelques bateaux à secs de certains copains. C'est le lieu de ralliement de nombreux bateaux qui naviguent dans les Cara&iunl;bes afin de se mettre l'abri pendant la période des cyclones. Les prix bien que n'étant pas bon marché reste acceptables.

C'est sur, j'ai choisi la marina la plus chic de l'île. Elle fait partit d'un complexe hôtelier très élégant au charme british. Le personnel habillé au couleur de l'entreprise est très courtois et veille à ce qui ne nous manque rien. Nous avons même droit tous les matins au journal livré a domicile. Les captain ou comandant voir sir font parti du vocabulaire. Cela m'amuse beaucoup en repensant à l'accueil des capitaineries françaises ou il arrive parfois que l'on oublie de vous dire bonjour. Une fois enregistré dans les livres de la marina nous allons enfin pouvoir penser un peu à nous.

J'ai décidé de consacrer au tourisme les deux jours que j'ai à passer avec mon équipier avant qu'il ne reprenne l'avion. J'aurais ensuite deux semaines pour m'occuper de la belle Marie. C'est un minibus Toyota jaune faisant office de taxi collectif qui nous emmène vers Port of Spain. La musique à fond, le chauffeur, téléphone à l'oreille et liasse de billets dans l'autre main, nous conduit à des vitesses impressionnantes. Ça roule à gauche et ça se double dans tous les sens. Finalement au bout d'une demi-heure de cette chevauchée fantastique, nous arriverons sains et saufs dans le centre ville. Avant d'arriver nous avons longé la mer. De nombreuses industries sont implantées en bordures de côtes. Nous observons aussi, d'énormes moles commerciales à l'occidental. Le premier contact avec cette ville est assez décevant. Je m'attendais à une architecture créole avec un centre historique. En guise de tout cela nous nous trouvons face à de bâtiments hétéroclites avec quelques buildings plantés ici et là. On ressent la manne du pétrole qui a poussé les investisseurs à bâtir à la hâte avant que le législateur eut le temps d'organiser tout cela.

Cette ville est assez étrange. Au fil de notre promenade, nous découvrons une église plus traditionnelle coincée entre un bâtiment ultra moderne d'un ministère et un parking. Nous cherchons le centre d'activité. L'endroit où les Trinidadiens boivent un verre ou se restaurent. . C'est en interrogeant la charmante hôtesse de l'office du tourisme qui se trouve dans les bâtiments du ministère du tourisme que nous avons le renseignement. Tout se passe Avenue Ariapita. Alors, allons y boire un verre et manger un morceau. L'activité n'est pas débordante et je m'attendais plus à l'exubérance créole avec plus de musique et de gens dans la rue. En guise de tout cela tout reste bien sage et bien organisé. Que cela ne tienne nous dégustons notre repas finissons notre verre avant de rentrer au bateau.

Au départ de Jean-Yves il est temps de m'occuper de la belle Marie. Imagiez 6 mois de climat à 90% d'humidité avec aucune possibilité de trouver les pièces nécessaire pour un minimum d'entretien. Tout moisit, les traversées agitées cassent parfois des bouteilles dans les coffres etc. Etc. Cette fois-ci c'est son tour et elle l'a bien mérité cette brave Marie-Alice qui nous a amené bravement jusqu'ici.

D'abord c'est le nettoyage de fond en comble et croyez moi ce n'est pas triste ! Il faut débarrasser lessiver et traiter tous les coffres afin qu'ils brillent et soient à jamais débarrassé de ces saloperies de cafards que l'on retrouve parfois. Ensuite c'est la cale du moteur qui a été souillée par quelques fuites qu'il faudra réparer. Vient le tour de la coque qui a accumulée de vilaines traces jaunes en dessus de la ligne flottaison puis c'est la cabine arrière qu'il faut nettoyer et ranger. Enfin viendra le tour du coin toilette, de la cabine avant et du carré pour faire disparaître ces traces de moisissures qui se cachent des fois dans des recoins perdus. Le nettoyage finit il faut attaquer la mécanique avec la réparation de la pompe à eau et de l'alternateur. Pour changer je réparerais pour la neme fois et j'espère la dernière cette satanée plateforme arrière. Enfin, au cas où je m'ennuierais il ne faut pas que j'oublie l'annexe. Son moteur a été remis en état par un mécano local à moi maintenant de la nettoyer.

Maintenant je vais m'occuper de l'administratif et retenir ma place sur le chantier qui va garder la belle Marie Il ne me restera plus qu'a enlever, ranger et plier les voiles, démonter la capote et le Bimini et elle sera prête pour m'attendre sagement sur un ber.
Voila comment s'achève le voyage aller de notre traversée de l'atlantique. Je reprends l'avion pour la France fin juillet pendant la période des cyclones.

Je reprendrais l'aventure à partir de mi-février pour la période du carnaval de Trinidad.

Richard Bessenay
infocapagde infocapagde
Posté : 26-05-2009
De luis Coréas à Cayenne

Nous partons le mercredi matin à marée haute après la pluie. Depuis quelques semaines nous nous faisons copieusement arroser de ces pluies tropicales qui commencent un peu à dégrader notre moral. Il faut dire que nous sommes pas mal remontés en latitude et à présent nous nous trouvons dans la zone perturbée de la zic près de l'équateur. C'est ici, que les alizés de l'hémisphère sud et ceux de l'hémisphère nord se rencontrent avec leur train de dépressions.

En quittant le ponton des pêcheurs, je ressens quelque chose de pas normal. Le moteur refuse de prendre ses tours. Ce n'est pas bien l'endroit pour faire des manœuvres car un fort courant descendant nous pousse vers la sortie. Je négocie le dernier méandre du fleuve et arrive derrière la digue qui nous protège du grand large. Là, je décide d'ancrer pour aller voir ce qui se passe sous le bateau. Mon intuition était bonne, des résidus de végétaux avaient eut la mauvaise idée de s'enrouler autour de l'arbre d'hélice. Deux, trois plongées en apnée ont réglé le problème et nous voila repartis pour notre future destination.

La première journée a été proche du bonheur avec un vent de
12 à 15 nœuds au bon plein. Marie Alice caracolait sous la douce houle et nous emportait gentiment entre 5 et 6 nœuds. Mais cela était trop beau pour durer. Pour la suite, Éole nous a carrément laissé tomber. Le lendemain, ce sont les pluies et les grains qui se sont succédés pour enfin, le dernier soir avant l'arrivée, retrouver des conditions agréables. Il était impératif pour nous d'arriver à l'étale de marée haute. Comme j'avais de l'avance, il a fallut freiner le bateau pour arriver à l'heure.

Le petit matin se lève et nous sommes en vue de Sao Luis. Tous les renseignements nautiques que j'avais pu glaner ici et là me prédisaient une arrivée rock and roll. De fait, ce n'était pas triste. Sur bâbord une barre qui déferle et les waypoints qui m'avait été communiqués par mon ami Luc me menaient droit dans un passage confus où un léger clapot arrivait de tous sens. Le fond remontait très vite et je commençais à stresser de plus en plus. Le sondeur s'affolait avec des remontées brutales du fond à seulement un mètre soixante. Par deux fois j'ai senti Marie- Alice talonner. Mais le vin était tiré, il fallait le boire. J'étais dans la passe, sûr de mes waypoints je n'avais pas d'autres solutions. Au dernier moment, un petit chalutier qui sortait m'a permis de comprendre les derniers mètres du chenal d'entée. Nous étions enfin dans la lagune à l'abri de la houle du grand large.

Nos amis ont un catamaran. Ici sur ce mouillage, c'est le coin des catas où ils s'échouent tous sur la plage. Pour les monocoques, c'est une autre musique. Nous avons des marnages de marée de 6 mètres et il faut donc trouver un trou d'au moins huit mètres de profondeur. Les indications que j'avais eues me donnaient une possibilité à proximité de deux vedettes militaires. Mais voila, un voilier y était déjà. En tournant autour de cet endroit, dès que je m'éloignais de plus de 20 mètres de ce voilier, le sondeur refusait de descendre à plus de 7 mètres. Au bout du cinquième tour, je décide de venir m'amarrer à couple le temps de trouver une meilleure place.
C'était un voilier Belge dont les propriétaires avaient confié la garde à un Brésilien. Ce dernier pris mes amarres et nous avons pu enfin couper le moteur.

Le premier travail fut de gonfler l'annexe afin d'aller à terre. Tout de suite, nous rejoignons le cata de Luc et Nelly pour aller à la pêche aux infos afin de trouver un meilleur endroit pour mouiller le bateau. Visiblement c'était le seul et unique de toute la baie. Il fallait donc que je m'en accommode. Le lendemain l'ami Belge partait donc je pourrais prendre sa place.

Après plusieurs manœuvres, j'ai quand même pu ancrer non loin de l'ami Belge pour passer la nuit. Mais quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'en revenant de dîner nous retrouvons Marie- Alice couché sur le flan. Ce n'avait rien de dangereux pour le bateau mais très inconfortable pour dormir avec 40° de gîte. Bref après plusieurs tergiversations, au bout de deux jours, nous avons enfin pu caller la Belle Marie dans l'unique trou de la baie de Sao Luis. Ces mouillages bizarres sont assez impressionnants. Lorsque la mer revient j'ai quand même pu noter quatre nœuds et demi de courant. Heureusement mes deux ancres, une à l'avant et l'autre à l'arrière, se sont solidement plantées dans la vase et le bateau était bien ficelé.

Nous avons abandonné le bateau et la petite Crevette le temps d'une excursion au parc de Lancois. Ignacio, la personne qui gardait le bateau de Luc s'est occupé de Crevette tandis que Marie Alice nous a attendu bien sagement amarré solidement sur ses deux ancres.
Les 300 km qui nous séparaient de ce parc ont été fait avec le Bus. Ici au Brésil, des bus très confortables couvrent de grandes distances à des prix très raisonnables. C'est ainsi que le dimanche à midi nous sommes arrivés à Barrheireinas.

Le guide touristique en poche, nous sommes partis à la quête d'un restaurant et d'un hôtel. Nous avons trouvé une petite poussada et un excellent restaurant tenu par un Français.

A présent, il fallait s'enquérir des moyens afin de voir les fameuses dunes et lacs du parc de Lançois. Un film a été tourné il y a deux ans ici, ce qui a eut pour conséquence de lancer l'activité touristique. Comme je l'ai déjà dit, pour avoir vu pas mal de pays, je pense que les deux cancers de la planète sont le tourisme et la télé. Cet endroit n'échappe pas à la règle et dés que nous sommes sortis du bus quatre ou cinq personnes se présentant comme guides tournaient autour de nous comme des mouches autour d'un pot de confiture. Cela gâche un peu le plaisir. Visiblement les activités n'étaient pas très florissantes et les rabatteurs étaient très actifs. Nous avons opté pour deux balades. La première en 4X4 qui nous amenait au pied des dunes pour aller se baigner dans ces fameuses poches d'eau douce, et la seconde en avion pour mesurer l'étendue du parc.

Le matin, le Toyota BJ 40 de l'agence est venu nous chercher à l'hôtel. Nous partageons la benne aménagée en plateforme avec huit autres personnes. La piste qui nous mène aux dunes ne manque pas de charme. Deux kilomètres après notre départ, nous arrivons au fleuve qu'il faut traverser. Là, le chauffeur charge son 4X4 sur une grosse barque rustique. Malgré son moteur poussif l'embarcation de fortune réussit quand même à nous acheminer sur l'autre rive. De l'autre coté du fleuve, nous prenons une piste défoncée entrecoupée d'immenses trous d'eau. Le Toyota ne rechigne pas à la tache et nous emmène en cahotant. Nous traversons des villages de cabanes aux toits de palmes. Par deux fois nous passons sur des ponts de fortune pour traverser des petits bras de rivière. Finalement, au bout d'une heure, nous arrivons au pied d'une immense dune au blanc éclatant.

C'est le terminus du 4X4, il nous faut gravir ce mur de sable à pied. L'ascension a été moins dure qu'il n'y paraissait et arrivés en haut le paysage nous laissa sans voix. Devant nous un champ de dunes s'étirait jusqu'à l'horizon. Dans chaque cavité des lacs d'eaux douces se sont formés. C'est une véritable symphonie de couleurs que nous joue la nature. Les dégradés de bleu, de vert de l'eau de ces lacs et le blanc immaculé du sable font un contraste saisissant. Comme si cela n'avait pas suffit le ciel dont une partie était d'un bleu intense, a chargé de nuages noirs un autre coin pour finir d'ajouter une lumière surréaliste au tableau.

Le guide nous a amené au bord de ces étendues d'eau où nous avons pu goûter à la douceur et la fraîcheur de cette eau de pluie. Le reste de l'excursion s'est limité à la visite de plusieurs poches d'eau après quoi nous avons récupéré le véhicule pour rentrer au village.


L'après midi, nous avions choisi le petit tour en avion afin de mesurer l'étendue de cette curiosité géologique. Arrivés à la piste du petit aérodrome, un petit monomoteur de quatre places nous attendait. Le pilote nous a invités à nous encastrer dans les petites places de son avion. Après la check-list, il lance le moteur à plein régime frein serré. La carlingue vibre de toute part. Lorsqu'il lâche les freins, le petit avion s'élance de toute son énergie sur cette piste et décolle en vibrant de tous ses rivets. Les sensations sur ces petits zingues sont toujours plus impressionnantes que sur les avions de ligne.

Dès que nous prenons de la hauteur, nous pouvons apprécier une vue complètement différente. D'un coté la végétation a gagné sur les dunes. Arbustes et maquis colonisent certaines étendues. Nous remarquons les carrés de plantation de riz. Ici et là, des bosquets de palmiers agrémentent ce paysage. L'avion fait un virage sur l'aile et nous découvrons un phare magnifique. Puis, c'est l'entrée du fleuve sur la mer. Apparemment, à voir les déferlantes qui bordent cette entrée, il doit vraiment falloir connaître la passe pour pénétrer avec nos bateaux dans ce paradis. Un autre virage sur l'aile et nous découvrons l'immensité de ce champ de dunes aux couleurs surnaturelles. La vue du ciel donne une dimension impressionnante à cette curiosité géologique. Ce parc est inscrit au patrimoine mondial de l'humanité et tant mieux. Cela évitera peut être à quelques promoteurs avides de construire des Disneylands.

Le petit zingue s'est posé en douceur et nous a ramené à bon port. La journée était bien remplie. Il nous restait plus qu'à prendre le bus dans l'autre sens pour rejoindre nos pénates. Crevette était heureuse de nous retrouver et Marie Alice nous attendait sagement où on l'avait laissée.

Ah Brésil, tu ne finiras pas de nous étonner avec toute cette diversité de cultures de paysages et de villages ! Aujourd'hui nous sommes partis à Raposa. Après une heure et demi de bus pris dans le centre ville de Sao Luis et une panne de ce dernier pour être transvasés dans un autre, nous arrivons à Raposa ! Quel village étonnant ! Ce sont des habitants du Ceara qui se sont établis ici après la grande sécheresse de leur état. Ne voulant pas s'intégrer à la population de Sao Luis, ils ont construit un village sur pilotis dans la mangrove et se sont reconvertis à la pêche en vivant en autarcie.

Pendant que les hommes partent en mer, les femmes brodent. C'est une spécialité totalement typique de ce village où la majorité des femmes confectionnent des tas de choses en broderie. Cela va du simple serre- tête, au- dessus de lit en passant par les vêtements. On les voit assises devant leur porte, devant un pouf en toile de jute où sont plantées des aiguilles à travers lesquelles elles passent leurs canettes de fils de coton avec une agilité hors du commun.


Le village semble être resté hors du temps. Dans le bras de rivière qui assèche à marée basse les petits bateaux de pêche locaux aux voiles et coques colorés sont posés. En face, la dune sépare le village du grand large. Sur les quais, les hommes s'activent pour déplacer le poisson dont une partie sera séchée et l'autre conservée dans la glace pilée pour être expédier à la ville. Nous nous promenons dans les rues de ce village où le temps semble s'être arrêté. Malgré nos efforts, il est difficile de passer inaperçus et inévitablement les regards se posent sur nous. Cependant les gens sont sympathiques et ne manquent pas de nous saluer d'un bom dia .

Après un repas à base de poisson et crevettes pris dans une lanchonette au bord du quai, nous nous arrêtons vers une de ses brodeuses pour acheter quelques articles. Nathalie flashe sur un petit haut entièrement brodé. Quand on se rend compte du prix demandé (10 euros) et le temps de travail qu'il faut passer pour confectionner cela à la main, on se dit que la journée de travail ne doit pas être payée bien chère.

Nous ne pouvions pas quitter Sao Luis sans aller voir Alcantara. Complètement à l'autre extrémité de la baie, Alcantara est resté authentique. Nous pouvons accéder à ce village seulement à marée haute et nous avons préféré pour s'y rendre prendre le bateau qui fait la ligne. C'est un vieux rafiot qui pisse la rouille et qui fume comme une locomotive. Ce bateau accoste sur la plage à coté de nous.

Nous embarquons avec les autres passagers. Le temps est gris et la marée est très basse. Une marche arrière puissante fait trembler le navire de toutes les tôles et nous nous engageons dans le chenal de sortie. Je suis curieux de voir par où il va passer pour pouvoir en faire autant lorsque nous sortirons de ce labyrinthe. A l'avant un équipier sonde avec une grande perche en bois le fond et donne la direction au pilote. Le bateau se pose régulièrement sur le fond. Nous sentons les secousses mais le pilote réussit à chaque fois à se dégager. C'est assez drôle de voir avec quoi ces marins naviguent. A l'intérieur du poste de pilotage il n'y a aucun instrument électronique. Un sondeur et un GPS seraient quand même bien utiles pour connaître le niveau d'eau qu'ils ont sous la quille et savoir se repérer en cas de brume. Le plus cocasse c'est de voir les deux compas en face de la barre. De la façon qu'il se regarde ils doivent se perturber l'un et l'autre et donner un cap des plus fantaisiste. De toutes façons je ne suis par certain que le capitaine sache lire les instruments. Il fait cette ligne tous les jours et connaît le chemin par cœur.

Au bout d'une heure et demie nous nous engageons dans le chenal d'arrivé qui mène au ponton d'Alcantara. L'armée a installé ici deux immenses pontons en ferraille qui coulissent sur des pylônes en béton. Sortis du quai, nous sommes face au village avec une grande rue pavée qui semble monter dans le centre de la citée. Ici le temps n'existe pas. Les façades défraîchies sont couvertes des azulejos du temps de la colonisation portugaise. De vieux comptoirs ainsi que de vieilles boutiques vendent des articles les plus divers, nous pouvons imaginer la vie de ce village au temps de sa splendeur. Lorsque nous arrivons en haut de la rue pavée une immense place s'ouvre à nous avec le reste d'une façade de cathédrale. Tout autour ce sont d'anciennes demeures coloniales qui bordent cette place. Leurs azulejos sont défraîchis et leurs façades souvent noircies. Certains toits ont été colonisés par des végétaux. Il y a peu d'activité et le village semble avoir été figé au dix-huitième siècle.

La visite du village se fait assez vite. Les bâtiments bénéficient d'un programme de restauration financé par des fonds internationaux. De plus, non loin de là, est installé la base de lancement de satellite du Brésil. Je pense que l'armée contribue aussi à la sauvegarde de ce patrimoine culturel. C'est un ravissant village au charme suranné. A coté des maisons coloniales la végétation tropicale est exubérante. En toile de fond l'océan Atlantique.

Avant de repartir nous nous sustentons dans un des rares restaurants typiques du village. Nous mangeons sous un toit de palme devant une fresque murale représentant le village. Le cuisinier met tout son talent de décoration pour nous présenter ses plats sur des feuilles de bananiers.

A la fin du repas il est temps de repartir car le Bahia star (tel est le nom du bateau) ne nous attendra pas. Ici la vie est calquée sur l'annuaire des marées.

Nous rentrons sur notre bateau, heureux de cette nouvelle découverte. Je pense qu'une vie ne serait pas suffisante pour découvrir ce pays aux milliers de facettes.

A présent il va falloir faire les papiers officiels pour sortir du Brésil. Nous ferons notre sortie à Sao Luis pour la Guyane et nous nous arrêterons clandestinement aux îles de Lançois. De toutes manières depuis que je suis au Brésil je n'ai jamais vu un bateau se faire contrôler. Les formalités d'entrée et sortie du territoire sont tellement pénibles, que nous essayons de les simplifier au maximum.

Nous lèverons l'ancre le mercredi 6 mai à marée haute en direction du nord pour la Guyane avec une escale aux îles de Lançois.

C'est vrai que la navigation dans ce nord du Brésil ne présente pas des difficultés majeures. Cependant la pluie tropicale incessante, l'absence de vent ou les vents dans le nez, les courants souvent contraires et le manque de profondeur près des côtes finit par nous user le moral. Pour finir le tableau à peine sommes-nous arrêté plus d'une semaine dans un coin que la coque de la belle Marie- Alice est squattée par les coquillages.

Le départ de Sao Luis n'a pas été une sinécure. Nous avons bien contourné le banc de sable qui barre la passe mais à peine arrivé dehors, un courant de trois nœuds dans le nez nous ralentissait considérablement. Nous sommes partis une heure avant l'étale de haute mer, ce qui est la règle de sécurité au cas où on s'échoue. Il fallait donc à présent attendre la renverse pour que le courant nous expulse de cet estuaire immense.

Il y a des moments où quand la mer décide de vous contrarier (et je suis poli !), tous les moyens sont bons pour cela. C'est ainsi que lorsque la renverse de courant est arrivé pour nous pousser dehors, un vent de 15 nœuds de face accompagné d'un clapot s'est invité à la fête. Il a donc fallut tirer des bords pour sortir de cet endroit maudit.


Nous nous étions dit que pour faire les 100 miles qui nous séparent des îles de Lançois, 20 heures seraient largement suffisantes. Erreur ! Ce calcul faisait abstraction des coquillages sous la coque des courants contraires et de l'absence quasi totale de vent. C'est ainsi que 25 heures après nous approchions de ces fameuses îles.

Il faut croire que la nature est bien faite. Elle sait se protéger des intrus et les coins de paradis doivent se mériter. L'approche de la passe se fait avec un courant impressionnant qui nous pousse dans cet entonnoir. Autour de nous l'eau bouillonne en dessinant des volutes délimitant les forces de courant. Le paysage est splendide. Aucune construction n'est venue troubler la splendeur de ces lieux. Les dunes de sables alternent avec d'autres colonisées par la végétation tropicale. Au milieu, la mangrove habitée par des milliers d'oiseaux fait le trait d'union.

La carte est assez précise et je retrouve au sondeur les mêmes lignes de sondes. Nos amis Luc et Nelly sur leur énorme cata nous ont précédés de plusieurs heures. Lors de nos liaisons radio, ils m'ont donné les instructions pour l'entrée et la position de leur mouillage. Nous nous avançons dans ce delta immense sans trop de difficulté. Nous apercevons l'énorme dune qui devrait logiquement masquer Aphrodite. C'est en la contournant largement que nous apercevons nos amis ancrés devant un minuscule village de pêcheur dans ce bras de mer au milieu des mangroves.

Comme par magie le soleil s'est invité à la fête. C'est complètement féerique, nos deux bateaux sont immobiles solidement mouillés. Devant nous une minuscule dune où sont plantées quatre ou cinq cabanes de pécheurs sur pilotis faites de bois et de palmes. Leurs petites barques sont attachées devant la plage à des piquets. Nous n'osons plus bouger de peur de troubler cette quiétude surnaturelle.

Nous irons à terre seulement demain afin de ne pas brusquer les choses et laisser du temps pour essayer d'apprivoiser ces lieux qui ne doivent pas souvent voir des voiliers dans leurs eaux.

Dans ce village il n'y a pas d'électricité et aucune commodité. Nous les observons de loin en essayant de ne pas les déranger. Nous passerons la soirée sur Aphrodite et la ca&iunl;pirina sera le réconfort après cette étape longue et pluvieuse. Nous avons dormis d'une seule traite d'un sommeil réparateur et au petit matin le soleil était là avec un paysage qui nous laissait sans voix.

Nous décidons de débarquer et prendre contact avec les pêcheurs. Crevette est heureuse de se dégourdir les pattes sur la plage mais nous la surveillons car une meute de chiens garde les cabanes. Le bom dia d'usage est accueilli avec le sourire. Nous essayons de communiquer. Ils nous posent beaucoup de questions que nous ne comprenons pas toujours. Mais lorsque nous leurs disons que nous sommes Français, ils nous parlent de Zidane. Le contact est établit et nous leurs achetons des crevettes pour le repas de midi.


Pour la petite histoire comme tout le monde le sait, la deuxième religion du Brésil est le foot. Apres la coupe du monde de 98 et l'élimination par la France du Brésil en quart de finale lors de la dernière coupe du monde, Ils ont baptisé Zidane le Bourreau du Brésil

La marée basse découvre une infinie plage de sable blanc bordée par les dunes à perte de vue. Nous ne résistons pas à l'envie de se baigner dans cet endroit désert. Nous avons l'impression de vivre le fantasme de Robinson Crusoé. C'est après une marche d'une heure et demi dans se sable immaculé que nous rejoindrons nos bateaux pour le repas.

Cet Après-midi nous iront en dinghy visiter le village voisin. Le va et vient des quelques lanchas nous indiquent la direction.

A seulement 2 milles au détour d'un méandre, nous apercevons ce village. Les lanchas et les barques de pêches sont échouées sur la plage. Une ou deux vaches ainsi que quelques chèvres broutent l'espèce de lichen qui pousse entre les marées. Le village a l'électricité depuis seulement deux ans grâce à une technologie alternative sur une base d'éolienne. Il est composé de petites maisons de planches au toit de palmes. Les habitants sont charmants et nous trouvons même deux boutiques où il n'y a quasiment rien à acheter. Après avoir discuté avec les pêcheurs, nous décidons de venir mouiller devant ce petit paradis.

Le courant des marées est assez fort (au moins 4 nœuds) et il me faut bien mes quarante mètres de chaînes pour mouiller correctement la belle Marie-Alice. Demain matin nous explorerons un peu mieux ce village.

Nous nous réveillons avec le soleil. (Une fois n'est pas coutume !) Le paysage change complètement. Du bateau nous voyons les petites maisons colorées qui tranchent sur le sable blanc de la dune. Au loin le bras de mer donne sur le large. Nous apercevons et entendons les brisants. Le temps s'est arrêté ! Nous nous promenons sur la plage et traversons ce village. Les habitants nous observent un peu comme des extras terrestres.

Au fil de notre promenade nous rencontrons un Français qui est venu se perdre ici en vacances. Il parle couramment le portugais et nous sert vite d'interprète avec la population locale. Il est venu ici avec un couple de Brésilien dont la femme est médecin. Cette dernière est missionnée par l'état pour venir faire le tour des dispensaires afin de répondre aux besoins de santé de la population. Nathalie en profite pour faire voir ces petites taches blanches dans le dos qui l'inquiète. Rien de grave ce sont des petits champignons que l'on attrape sous les tropiques et la pommade donnée par le docteur devrait en venir à bout en quelques semaines.

En dépassant le village nous marchons en direction des dunes qui nous séparent de la mer. Le paysage est idyllique. Lançois en portugais veux dire drap. C'est pour cela que nous avons l'impression que dame nature a posé un drap immaculé sur ce petit coin du Brésil. Les dunes renferment des petites étendues d'eau douce alimentée par les pluies. Nous nous baignons dans plusieurs d'entre elles où l'eau reste fraîche. Cela est agréable par rapport à l'eau trop chaude de l'océan. Demain nous irons visiter l'autre petit village qui fait face à celui là sur l'autre méandre.

Nous sommes le 9 mai 2009 et c'est mon anniversaire. Luc et Nelly m'avaient réservé une petite surprise avec une fête improvisée dans l'immense cockpit de leur cata. Tout y était avec le gâteau et les bougies. Pour l'occasion j'avais sorti la dernière bouteille de champagne qu'il me restait au fond des cales. La soirée fut bien arrosée et je dois reconnaître que ce fut un des anniversaires les plus exotiques que j'ai vécu.

Le lendemain matin nous partons en expédition pour découvrir le village d'en face accessible qu'à marée haute. Cela parait plus vivant. Les maisons sont plus colorées et semblent disposées dans une logique plus urbaine. Les battisses bordent des rues de sable. Au centre une chapelle constitue le centre du village. Un filet de volley-ball a été dressé au milieu de la route et deux équipes s'y affrontent. Nous rentrons dans une échoppe sombre. Il N'y a pas grand-chose à vendre ici ! Plus loin nous rencontrons trois papys qui nous racontent l'histoire de ce Français qui est venu ici en voilier et qui n'est jamais reparti. Il est mort avant cela. Ils nous font visiter l'épave de son voilier qui sera le dernier témoignage de son passage dans ce coin du bout du monde.

Après ces moments de recueillement sur l'épave de notre compatriote mort dans ce coin oublié, nous décidons de partir à la découverte des méandres de la mangrove en dinghy. Nous glissons dans cette nature sauvage sur ces canaux lisses. Aux détours des lacets des oiseaux s'envolent. Les bancs de poissons à gros yeux sautent dans tous les sens sous nos étraves. Nous cherchons le passage pour aller voir le phare abandonné. Finalement au bout de plusieurs essais dans différents canaux de la mangrove nous abandonnerons.

Le coin est magnifique mais il faut penser à rentrer. Ici c'est magnifique mais les vivres diminuent et il n'y a rien à acheter dans ces villages. De surcroît, il faut que je trouve du gasoil en vue de ma prochaine étape qui nous conduira à Cayenne car ce coin du Brésil ne reçoit pratiquement pas de vent et les courants ne sont pas toujours favorables. Si je veux m'arracher de ce coin certes merveilleux il va falloir que je fasse des réserves de carburant.

Le problème est complexe. Le seul endroit où trouver du gasoil est le petit bourg qui se trouve à 16 milles et qui répond au nom de Picassu. C'est impossible d'y aller avec mon bateau car la baie n'est pas assez profonde et assèchée à marée basse. Alors la seule alternative qui reste, c'est de trouver un bateau local qui y va et voudra bien me charger avec mes bidons.


Le portugais n'est pas une langue facile. A lire il ressemblerait un peu au Français mais à entendre ou à prononcer c'est complètement mission impossible. Nous avons eut toutes les difficultés du monde pour faire comprendre au gens que nous cherchions un bateau pour aller à Picassu. De plus l'idée de voir un gringo prendre ces embarcation de fortune leurs paraissaient complètement incongru. Il était pourtant vital pour nous, vu les conditions de vents et de courants de ce coin paumé, de trouver du gasoil pour m'arracher et rejoindre Cayenne. Le lendemain fila sans que nous entrevoyions une solution. Je commençais à angoisser, comment va-t-on faire ? C'est lorsque nous nous n'y attendons le moins que la providence nous sourit. Je finis par trouver une lancha qui voulait bien m'emmener. Le capitaine se proposa de venir me chercher sur mon bateau le lendemain matin à cinq heures. Enfin j'entrevoyais une solution à mon problème.

Quand les événements s'enchaînent pour compliquer votre existence, on appelle cela la loi de Murphy. Après mes problèmes de groupe électrogènes, du transfo 12v 220V, de Pc et de GPS . (Les accessoires du bateau avaient décidés de se déglinguer un a un dans ce coin perdu), c'était le tour de Nathalie. Elle était attaquée par une fièvre de cheval suite à une infection! Ce n'était vraiment pas l'endroit pour tomber malade. Distant de plusieurs jours d'un centre de santé cela devenait compliqué. Sa jambe avait doublé de volume et nous commencions à être sérieusement inquiets. Bien sur, le médecin que nous avions rencontré était reparti. Il nous restait plus que la consultation par téléphone grâce à notre téléphone satellite. Nous avons téléphoné à un ami médecin de Nelly qui a fait une prescription avec les médicaments de notre pharmacie de bord. A présent il fallait attendre pour voir l'évolution.

Le lendemain matin à 5 heures comme c'était prévu, la lancha du pêcheur venait me chercher pour aller à Picassu. J'embarquai avec mes bidons en ne sachant pas exactement quand je pourrais revenir. Je savais que Luc et Nelly allaient s'occuper de Nathalie. Ce besoin de Gasoil était vital pour toute action. Ces 5 mois au Brésil m'ont appris à connaître un peu les us et les coutumes. La notion du temps n'est pas la même que chez nous et mania ne veux pas dire forcement demain. Les gens ici sont charmants et ne veulent jamais dire non ou je ne sais pas, de peur de faire de la peine. Cela se traduit par une impossibilité d'avoir une information crédible. Il faut donc s'en remettre au destin ou, comme on dit ici Grâce à Deus .

Je me glisse sous la bâche tendue sous la bomme qui nous abrite de la pluie. L'embarcation ne doit pas faire plus de 9 mètres. Ces bateaux sont chargés à mort. Nous nous retrouvons une douzaine de personnes à partager l'espace réduit au milieu des filets et des colis. Heureusement que nous sommes dans un golf fermé car je ne suis pas certains que ce type d'embarcation résisterait à l'assaut d'un clapot soutenu. Le moteur diesel s'élance dans un toc toc toc assourdissant. Le bateau s'ébranle. Il est tellement bas sur l'eau qu'il suffit de glisser la main par-dessus le franc bord pour toucher l'eau. Tant bien que mal tout en roulant doucement bord sur bord, nous arrivons trois heures plus tard au petit bourg de pêcheurs.

Il n'y avait que le capitaine pour trouver le chemin. Dans le coin de ce golf immense nous pénétrons dans une trouée de la mangrove où coule un bras de rivière. Nous remontons doucement ce bras d'eau bordé du rideau vert de la végétation. A notre passage des oiseaux s'envolent et au détour d'un méandre nous apercevons Picassu. .J'ai l'impression d'être dans un autre monde projeté dans un film d'aventure des années soixante. Les lanchas s'agglutinent sur le petit quai du bourg dans un désordre indescriptible. Notre capitaine à décidé de se poser contre un autre bateau et de s'arrêter là. J'enjambe les colis avec mes jerricans puis traverse le pont de l'autre bateau pour finalement réussir à me hisser sur le quai.

Ignacio qui m'avait accompagné me demande de l'attendre sur le quai avec les bidons le temps qu'il se renseigne. Pendant son absence j'ai le temps d'observer les scènes de vie dans ce petit port du bout du monde. Les habitants et les commerçants sont venus à la rencontre des pêcheurs pour leur acheter le produit de leurs pêches. Les discussions sont animées et les caisses de poissons pesées à l'aide de balance romaine changent de mains. Autour de moi les bâtiments sont noirs bouffés par l'humidité. La chaussé est défoncée et quelques 4X4 viennent s'y risquer. Mais c'est surtout les charrettes avec des ânes et les motos taxi qui compose l'essentiel du trafic.

Ignacio revient. Il a trouvé un autre bateau pour revenir aux îles de Lançois qui part dans une vingtaine de minutes. L'occasion est inespérée de faire cet aller retour dans la journée. Il faut absolument trouver le gasoil et repartir aussi tôt. Si la vieille pompe de la station de carburant du quai avait fonctionné, cela aurait été trop simple. Mais lorsque j'interroge le gars apparemment employé pour cette tache il m'explique qu'il n'y a plus de gasoil mais que je pourrais en trouver un peu plus loin.

Nous partons à la recherche du précieux liquide sans résultats. Finalement au bout de la troisième personne quelqu'un nous indique un dépôt de carburant à 6 km de la ville. Nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les motos taxi. De plus si nous voulons arriver avant que le bateau qui doit nous ramener largue les amarres, nous avons intérêt à nous presser. Nous voilà partit Ignacio et moi en passager de ces petites motos taxi sur les pistes défoncées du bourg avec nos bidons sur les genoux. Les trous de la piste sont énormes et plusieurs fois nous avons à passer de guets. La situation est Ubuesque. Cela en est même comique. Finalement au bout d'un quart d'heure de chevauchée extraordinaire nous arrivons devant un entrepôt ou nous trouvons enfin notre carburant. Au fond d'une arrière cour le préposé transvase le liquide de deux futs de deux cents litres dans nos jerricans.

Maintenant il nous faut retourner au port sur cette piste défoncée mais à présent avec deux jerricans de 25 litres chacun cela complique la situation! Nous décidons dans la foulée d'embaucher deux autres motos taxi pour alléger notre charge. Tout en slalomant entre les trous et les guets le jeune chauffeur me pose des tas de questions sur mon voyage. Je suis plus ou moins rassuré et le motive afin qu'il ne quitte pas la piste des yeux. Nous arrivons finalement sans complication sur le quai où le petit bateau qui devait nous ramener patiente. Il n'attend plus que nous pour appareiller. Nous chargeons et sautons dans l'urgence dans le frêle esquif sous l'œil du capitaine pressé par la marée. Il est 15 heures et je suis enfin de retour au bateau.


Nathalie n'est pas très en forme. Je suis assez inquiet mais il faut partir de cet endroit pour rejoindre la civilisation. Avant de partir il faut que je m'astreigne à la corvée du carénage. Le jeu consiste à plonger en apnée autour du bateau et essayer avec une truelle de décoller les coquillages de la coque. C'est opération est assez longue et j'arrive au bout de plusieurs heures de nettoyer à peu prés la coque sans avoir le temps de faire la quille.
C'est décidé demain matin à marée haute nous appareillerons pour Cayenne.

Il pleut et le vent n'est pas là. Le plein de carburant a été fait et nous sortons doucement de la baie de Lançois. Le courant de la marée descendante nous pousse et bientôt, c'est 3 nœuds de courant dans le cul qui vont nous expulser hors de cette zone nous ne sommes pas très loin du delta de l'amazone. Les fonds sont très peu profonds et nous subissons de grosses perturbations de courant et de vent dues à la proximité du plus grand fleuve du monde. Le choix de route qui s'impose est simple. Il faut tirer au large pour essayer de récupérer le courant des Antilles et toucher un peu les alizés. Nous avons avancé les premiers 24 heures grâce au moteur avec une alternance de courant qui nous poussait ou qui nous retenait au rythme des marées. Il a fallut que l'on s'écarte de plus de 100 miles de la côte pour nous retrouver dans la ligne des 100 mètres de profondeur pour commencer a toucher du vent nord est et du courant favorable. Ce n'est qu'au deuxième jour que nous avons pu nous passer du moteur poussé par l'alizé avec un courant constant de deux nœuds qui nous emmenèrent au nord. L'état de Nathalie restait stationnaire et Marie Alice nous conduisait gentiment vers Cayenne sans trop nous bousculer. Plus les jours avançaient plus les milles défilaient rapidement. Le courant et le vent portant étaient de plus en plus présents. Les derniers 24 heures furent assez surprenant et c'est 3 nœuds et demi de courant qui nous poussaient nous faisant atteindre des vitesses de fond de 8 nœuds.
C'est au bout de cinq jours que nous sommes arrivés en vue de Cayenne au bout des 700 milles de l'étape.

Le port de Degrades de Cannes se trouve au bout d'un long chenal balisés qui nous mène dans le Mahury. Lorsque nous arrivons à Cayenne, nous passons devant plusieurs petites iles facilement reconnaissables. C'est en contournant la mère juste avant le père que le chenal du port débute. Un fort courant traversier nous fait avancer en crabe. Il faut viser les bouées tribord du chenal pour éviter de se faire embarquer. Enfin au bout de 6 milles de ce chenal nous arrivons en vue des pontons du port de plaisance de Cayenne. Ça y est nous sommes arrivés, nous sommes en France, Nathalie va pouvoir se faire soigner et je vais pouvoir réparer toutes les petites choses qui ne fonctionnent plus.

A l'arrivée Luc et Nelly nous prennent les amarres et demain mon ami d'enfance vient nous chercher. Nous allons pouvoir poser notre sac à terre pour quelques semaines.
FANFAN FANFAN
Posté : 26-05-2009
Bon, Richard où en es-tu ?

Après plus d'un mois sans nouvelles, Sao Luis doit être loin maintenant, je vais avoir des heures de Google Earth à effectuer pour te rattraper, car moi aussi je visite, mais sans prendre tous les risques que vous prenez.

Bien, sur ce, bon vent et au plaisir de te lire.
:=! :=! :=!

FANFAN
infocapagde infocapagde
Posté : 20-04-2009
De Jacaré à Luis Coréas en passant par Fortaleza



La dernière semaine avant d'appareiller a été consacrée au farniente. Puis un avitaillement plus conséquent a été nécessaire pour le début de notre longue remontée vers la Guyane. Enfin il a fallut caréner le bateau. Ici c'est à la mode rustique. C'est-à-dire que l'on pose le bateau contre un quai à marée haute et on attend qu'elle descende pour le poser dans la vase appuyé au quai. Opération simple à expliquer mais délicate lorsque l'on met 7 tonnes en équilibre sur sa quille.

Marie-Alice s'est posé gentiment sans faire d'histoire un peu inclinée quand même sur l'arrière. A ma grande surprise les œuvres mortes étaient couvertes d'algues et autres coquillages. Je ne m'attendais pas à une coque propre mais à ce point là ! Il était tant d'intervenir. C'est ainsi que debout dans la vase jusqu'au mollet, je lui ai gratté la coque. Entre deux marées j'ai réussi à tout nettoyer et lui redonner une apparence normale et une allure plus descente.

Le déséchouage a été plus facile. Lorsque l'on choisi des coefficients de marée qui augmentent dans le temps, les marées suivantes ont plus d'amplitude donc la hauteur d'eau sera supérieure à la précédente.



Maintenant que Marie-Alice a sa robe propre, il est tant de s'activer aux derniers préparatifs pour partir avant que les algues et les moules aient la mauvaise idée de revenir squatter. C'est toujours difficile de s'arracher d'une escale où on est bien pour aller vers une prochaine inconnue. Ici, nous avions liés des amitiés nouvelles et nous nous étions retrouvés avec des équipages que nous avions rencontrés plusieurs mois précédemment. Bref, il était l'heure et il fallait y aller. Alors pour la dernière soirée avec une bouteille de rhum, une dizaine de citrons verts et un pack de glaçons nous avons fait une fête mémorable. Afin d'améliorer l'ordinaire nous y avions quand même ajouter des chips, des noix du Brésil ainsi que du saucisson et la soirée étaient lancée. Tout le ponton était présent ainsi que Philippe le patron de la Marina. Nous avons pu un peu mieux se connaître avec ces nouvelles rencontres. La vie au fil de l'eau fédère des personnages de tout horizon et de toutes conditions sociales. C'est ainsi que l'on peut rencontrer des personnages hauts en couleurs. Tel notre nouvel ami Jean-Paul, ancien Marin pêcheur qui est parti sans se retourner sur son veux kirk pour écumer les océans. Ou Alain ancien prof de gym qui navigue sur un 6 m 50 sans moteur et qui traverse les océans sans se poser de questions sur sa coque de noix. J'ai beaucoup d'admiration pour ces êtres qui naviguent de façons minimalistes et qui finalement sont beaucoup plus en harmonie avec la mer.



La bouteille de Rhum n'a pas suffit et l'ajout de plusieurs supplémentaires ont été nécessaire pour arriver au bout de la soirée. Les langues déliées avec l'alcool ont animées des conversations passionnées de pêche et de voyage. C'est bien ici que je suis chez moi ! C'est bien là qu'est ma tribu ! Allez un dernier pour la route et allons nous coucher. Demain nous prenons la mer avec la marée. 340 miles nous attendent jusqu'à Fortaleza.



On m'avait dit tu verras après Recife pour remonter vers le nord, c'est que du bonheur ! Tu verras tu auras du vent portant et un courant de deux nœuds dans le bons sens qui te pousse en Guyane ! Ah ouais ?? Mais où se trouve ce fameux vent portant qui nous amène que du bonheur ?? Bon le courant je suis OK !



Le premier de jour de remontée n'a pas été le pire. Le vent n'était pas vraiment portant mais nous a quand même fait avancer un peu et le courant était au rendez-vous.



Le deuxième jour cela c'est carrément dégradé avec plus de vent du tout. Heureusement que j'avais fait le plein de gasoil avant de partir car l'ami Volvo à été mis à contribution.



Mais le troisième jour en guise de bonheur, je ne m'attendais pas à ça ! Pas de vent, d'accord ! Mais 25 noeuds vent dans le nez c'est trop ! Pile sur notre cap ! La terre se serait elle mise à tourner à l'envers sans nous le dire ?? Qu'est que c'est que ce binz ! Maintenant nous allons tirer des bords comme en méditerranée. Mais le pompon fut qu'après une escapade pour bricoler en pied de mat, déséquilibré par une vague traîtresse, je me rattrape sur une jambe et me fait un sérieux claquage au mollet ! Nous voilà bien ! Maintenant je boite comme le capitaine crochet ! Comme si cela n'avait pas suffit les grains se succèdent pour nous arroser et nous bousculer copieusement. Est-ce que Neptune aurait eut des remords en nous gratifiant de ce délicieux petit thon atlantique pris sur notre traîne? C'est cela aussi la mer avec ces moments de galère et ces moments de bonheur. Le sushi de thon du soir a adoucit un peu notre étape Finalement au bout d'une trentaine d'heures contre le vent et les grains claudiquant entre les passes avant et le cockpit j'ai pu enfin rejoindre Fortaleza et la fameuse Marina Park Hotel.

Vraiment content d'arriver et pour le bonheur cela sera sans doute après !!



Le premier contact avec la ville est un peu surprenant. La marina n'est pas indiquée sur la carte mais grâce à Google Earth, j'ai pu la repérer en image satellite et noter sa position géographique. Apres avoir passés la longue digue de l'énorme port de commerce nous continuons dans la baie. Le point que j'ai noté nous mène vers une énorme épave de tanker rouillée. Vu ce qu'il en reste, il ne doit pas être là depuis hier. Derrière cette épave, j'aperçois une digue et une immense barre blanche de plusieurs étages qui doit être le park. Hôtel où se trouve la marina. Nous passons devant des bâtiments en ruines et des digues effondrées. Finalement en s'approchant doucement, en contournant l'épave et en surveillant le sondeur on découvre l'entrée d'un bassin où se trouve des chantiers navals et des vieux bateaux de pêche. L'endroit est peu engageant mais une autre digue protège les pontons déglingués de cette marina.



L'hôtel est un 5 étoiles avec piscine, tenis, sauna et club house, par contre les installations portuaires sont carrément en ruine. Cette marina est une des plus chères du Brésil et au prix que l'on nous demande on ne s'attend pas à de vieux pontons rouillés qui se dandinent autour de poteaux en ciment au gré de la marée et du ressac. Ici pas de pendilles ! Je n'aurais même pas imaginé des catways ! Rien de tout cela ! On jette son ancre loin devant et on recule cul au quai. Ou cela devient folklorique c'est lorsque l'on veux de l‘électricité et de l'eau. Là, il faut sortir la caisse à outil et se brancher carrément sur les fils des armoires électrique. Pour l'eau un vague tuyau avec une vanne traîne au milieu d'un des pontons et un autre bricolage nous permettra de se raccorder. Bref tout ceci est amusant mais à 25 euros la nuit pour un dix mètres c'est quand même un peu scandaleux !



Notre chance a été d'arriver le samedi avant le dimanche de paques. Au Brésil paques est une fête très importante et beaucoup de monde est en congé. C'est ainsi que le maître de port a eut la bonne idée de prendre deux jours de vacances, ce qui nous a permis de bénéficier de la gratuité pendant son absence. Mais le Lundi plus question de passer à travers. Le maître de port sympathique au demeurant n'a pas oublié de nous accrocher afin de nous faire payer la nuit qu'il nous restait. Même s'il n'y croyait pas trop il a bien voulu noter que nous étions arrivé le matin même et que la belle Marie-Alice ne faisait que 10 mètres. Cela nous a quand même permit d'économiser 60 euros.



C'est en claudiquant suite à mon claquage que nous partons à la découverte de cette ville. Fortaleza compte 7 millions d'habitants avec un écart littéralement dément entre les classes sociales. C'est aussi ici que se trouve la plus grande favela d'Amérique du sud. Les sécheresses des dernières années et les expropriations des paysans ont conduit à cette forte émigration de population complètement déshéritée.

Lors de notre première promenade alors que j'étais sur un autre trottoir que Nathalie, je me suis fait agresser par une femme de petite vertu qui ne me lâchait pas et qui a essayé de me faire les poches. Malgré ma démarche incertaine j'ai quand même réussi à la mettre en fuite.



Nous marchons en pleine après-midi dans des quartiers peu engageants. Le plus extraordinaire c'est la proximité d'un parc arboré bien entretenu avec des maisons en ruines et une battisse à l'architecture coloniale parfaitement entretenue ou encore ici un squat d'une villa qui devait vraiment avoir son charme au temps de sa splendeur !



Décidemment ce pays n'en finit pas de nous réserver des surprises. Lors d'une autre promenade nous longeons le front de mer. Sortis de la marina, nous nous engageons dans une rue qui ne nous parait pas trop sûr. Le regard de certains nous accroche avec ce mélange de tristesse et d'envie. Nous ne nous sentons pas trop en sécurité. Au détour d'une rue nous traversons une impasse bordée par des squattes qui nous amène au front de mer. C'est à cet endroit que nous devions trouver une plage que les guides touristiques nous recommandaient. C'est vrai que c'est très spécial ! Nous longeons un bâtiment en ruine devant la mer où squattent plusieurs groupes d'individus dont certains dorment en couple sur de vieux matelas à même le sol. En continuant nous arrivons au fameux pont des anglais. Ce sont les restes d'une construction qui ressemblait à celles que l'on peut rencontrer sur les côtes britanniques comme Folkestone. Plus loin sur le front de mer nous longeons des villas abandonnées taguées et squattées qui devaient avoir fières allures au temps de leur splendeur.



Maintenant, nous sommes dans le quartier chic. Cela a beaucoup moins de charme et les tours sécurisées ont remplacées les villas. Ce sont de véritables camps retranchés. Chaque immeuble est ceinturé par des murs avec des miradors ou les vigiles ouvrent ou non les portes de ces refuges aux classes privilégiées. Mais la Fête reste présente et une scène est ici montée pour le prochain concert de rue.

Mon dieu que c'est déroutant ! Nous en profitons pour boire une bière en terrasse avant de rentrer pour humer l'atmosphère de la ville.



Mais comment appréhender une ville en si peu de temps ? Comment comprendre ses subtilités et ses coutumes. Ce pays est à l'échelle d'un continent, chaque état est à l'échelle d'un pays avec ses propres diversités. Malgré notre longue randonnée le long de ses côtes, le temps ne sera jamais assez long pour pouvoir apprécier toute cette culture. Après ce voyage, je n'aurais plus la même opinion sur les musiques du monde et je suis convaincu à présent que si il existe un seul coin sur la planète où il se passe quelque chose c'est bien ici .Là, la musique n'est pas sectaire et les musiciens prennent autant de plaisir à jouer du forro que de la bossa, de la samba ou du rock. Cette diversité nous saute au visage lorsqu'on écoute n'importe quelle formation musicale.



Malheureusement il faut remonter et comme d'habitude c'est toujours à regret que nous quittons nos escales. Pour la dernière soirée à Fortaleza on nous a dit qu'il ne fallait pas partir sans connaître Oh pirata ! Apres un repas pris dans un restaurant sur le front de mer nous décidons d'aller découvrir cette institution qui s'est autoproclamé la plus grande fête du monde. C'est endroit qui est cité dans le New York Times est un de plus animé d'Amérique du sud. C'est un complexe relativement grand à ciel ouvert à la décoration de bateau de pirate. Pensant arriver trop tôt à 21heures, nous avons eut la surprise de trouver foule. Après une petite attente la chance nous a sourit et nous nous sommes retrouvés dans le coin VIP en mezzanine pour avoir une table.



En début de soirée les couples s'échauffent en dansant le Forro. C'est une danse langoureuse entre le tango et le la lambada. A 22 heures la soirée est lancée par un groupe de danseurs qui arrivent sur la piste. Le spectacle est ahurissant, ces hommes et ses femmes en costumes traditionnels nous font une démonstration fulgurante d'un ensemble de danse. Le plus étonnant est qu'à la fin de leur prestation, ces danseurs professionnels vont chercher dans la foule les gens qui sont restés au bord de la piste pour les regarder. Il n'y a pas de complexe, que l'on danse bien ou mal nous sommes pris par l'ambiance. Les magnifiques danseurs viennent chercher les femmes de tous ages et c'est idem pour les magnifiques danseuses avec les hommes. L'ambiance commence à chauffer progressivement. L'orchestre sur la scène est d'une qualité irréprochable et la générosité de ses membres avec le public crée instantanément l'osmose. C'est dans ces moments là que l'on regrette de ne pas parler la langue et comprendre cet échange entre le chanteur, les musiciens et le public. Les morceaux se suivent et qu'on le veuille ou non nous ne pouvons échapper à cette folie qui nous prend de la tête au pied. Les morceaux qui se suivent mettent en scène danseurs ou danseuses sur des chorégraphies différentes. Le public est invité à suivre ces mouvements et nous sommes pris par l'ivresse de la musique et la danse. Malgré la fatigue présente et cette douleur au mollet qui ne me lâche pas nous continuons cette soirée jusqu'à deux heures du matin. Nous rentrons au bateau ivres de musique et de danse, émerveillés par ce spectacle. Demain matin il va falloir appareiller. Tant pis si nous ne sommes pas frais, on dormira en mer.



Seulement 220 miles nous séparent de la prochaine étape, Luis Coréas ! Nous sommes en pleine zone perturbée de la ZIC ! Donc nous ne savons pas trop quelles conditions météo nous allons trouver. Deux jours de mer pour rejoindre cette escale devrait nous suffire et le premier jour s'annonce avec un peu de vent dans le bon sens. Espérons qu'il tienne deux jours pour nous pousser jusqu'au bout.



Ça y est, on est parti avec le soleil et le vent. Croisons les doigts nous sommes proche du bonheur. La première étape de cette navigation se fait avec un cap au 305 ce qui nous permet d'avoir le vent en plein travers. C'est l'allure que Marie-Alice préfère. Avec 12 nœuds de vents et un courant portant à 2 nœuds, nous avançons allégrement entre 6 et 7 nœuds dans un confort absolu. Le vent nous accompagnera jusqu'au petit matin de la première nuit. Vers les 4h du matin, j'ai recours à l'ami Volvo pour nous faire avancer un peu. Mais dans ces conditions de courant, il suffit de 1 500 tours pour avancer. Apres les 100 premiers miles notre route incline à l'ouest et à présent nous sommes au cap 262. Cette allure nous donne le vent en plein arrière mais nous mènera jusqu'à Luis Coréas.



Le vent arrière n'est pas une allure agréable alors plusieurs choix s'offrent à nous. Soit on tire des bords au grand largue, soit on s'accommode de la direction du vent. Marie- Alice est un bateau de près. La houle et le vent arrière nous fait rouler copieusement et les conditions de confort de la veille se trouvent bien altérées. Je décide de tangonner le génois et de mettre les voiles en ciseaux. Sur ce bateau c'est assez compliqué car les bas haubans sont très en avant et le génois à un large recouvrement. Mais après plusieurs essais différents je réussi à trouver le réglage qui va bien Cela va un peu mieux et le bateau est mieux équilibré.



A présent Hélène notre pilote auto rechigne moins à faire une route droite sans trop de s. Le bateau reprend une allure confortable mais déjà l'horizon s'obscurci. Les gros nuages noirs qui s'amoncellent à l'horizon nous présagent l'arrivée d'un grain. J'anticipe et commence à réduire la toile. Quelle bonne idée ! Le vent commence à monter et dépasse à présent les 30 noeuds. La pluie se met à tomber à averse. Marie- Alice file comme sur un rail avec des pointes à 8 nœuds. Nous sommes complètement trempés. Mais la pluie tropicale reste chaude. La mer blanchie mais déjà l'horizon s'éclairci. Progressivement le vent descend et enfin le soleil revient.

Nous passerons le reste de la journée avec une alternance de grains et de soleil mais avec le vent pour nous accompagner.



Nous devions rentrer impérativement à Luis Coréas à marée haute. Aussi avais-je calculé une heure d'arrivée co&iunl;ncidant à peu près avec la marée. Mais voilà, nous avons pris beaucoup d'avance et nous allons arriver au but en pleine nuit.



Je n'ai aucune carte de détails sur cette destination. J'avais chargé une image satellite sur Google Earth qui m'indiquait la présence d'une digue à l'entrée de la rivière. Ma carte marine générale m'indique quand même un feu sur ce waypoint.



Vers les deux heures du matin nous approchons doucement de l'arrivée. La mer est douce, le temps est relativement clair et le vent portant. Je scrute la côte pour chercher ce feu. En fait, plusieurs lumières pourraient correspondre à ce feu mais un seul semble être au point que j'estime. Je décide donc de le suivre. Après avoir sorti mon énorme projecteur nous nous approchons de cette digue où deux feux scintillent. Lequel nous indique- t-il l'entrée ? Un balayage avec mon spot de lumière me découvre la digue à seulement une cinquantaine de mettre de l'étrave. Je vire à 90° à droite et découvre l'entrée de cet avant port. La profondeur est bonne nous avons entre 6 et 10 mètres sous la quille. Nous contournons le môle et je décide d'ancrer ici pour attendre le petit matin et la marée.

Le bateau s'apaise mais la houle atlantique rentre quand même dans cet abri et Marie Alice nous berce doucement. L'alarme GPS enclenché, le mouillage assuré, nous nous écroulons dans notre couchette pour les quelques heures de sommeil qui nous reste avant l'arrivée du jour.



Le paysage du petit matin est splendide. Une plage de dunes de sable blanc borde l'atlantique et l'entrée du fleuve se signale par la mangrove. Après le petit déjeuner, nous décidons de nous lancer. Je surveille le sondeur qui jusqu'à présent ne remonte pas en dessus des trois mètres. Nous sommes à marée montante presque à l'étale et un léger courant nous porte. Nous croisons quelques barques de pêche à qui nous demandons la position des bancs de sable. Finalement au bout d'une demi-heure de quelques tâtonnements, à la sortie d'un méandre, nous apercevons les pontons des petits chalutiers. Nos amis qui étaient passés ici avant nous, nous avaient dit que les pêcheurs étaient sympas et que l'on pouvait s'amarrer à couple de leurs bateaux. Je salue l'un d'entre eux qui spontanément me fait signe de venir m'amarrer à couple. Nous sommes l'attraction et plusieurs marins pêcheurs attrapent nos bouts et nous aide à nous amarrer.



Marie-Alice est ainsi pour la première fois à couple avec un vieux chalutier en bois d'une quinzaine de mètres. Au regard de l'empilement de ses casiers cela doit être un crevettier ou un langoustier. La suite nous dira qu'il s'agit d'un bateau qui pêche du poisson. Les pêcheurs sont adorables et ne savent pas quoi faire pour être agréables. Comme nous avons pu le remarquer depuis que nous sommes au Brésil, la population des campagnes est beaucoup plus cool qu'en ville. Nous ne ressentons pas ce sentiment d'insécurité que l'on pouvait percevoir à Fortaleza voir à Salvador.



Nous sommes dans un petit village de pêcheurs au bord du fleuve Parna&iunl;ba. De l'autre coté, nous pouvons apercevoir les dunes blanches au milieu d'un trou dans la mangrove. Nous sommes au ponton de la coopérative de pêche, et les petits chaluts s'agglutinent amarrés les uns aux autres. Cela ne manque pas de charme.



Nous décidons d'aller à la découverte du village. En fait il s'agit du quartier du port. Le bourg qui se cache un peu plus loin est un peu plus important que nous le pensions. Après une longue marche malgré mon mollet qui me fait toujours mal, nous passons devant une église rococo et nous arrivons vers une grande ligne droite qui nous mène à un carrefour. Sur la droite nous distinguons ce qui semble être un centre ville. Au fil de notre marche nous découvrons tous les commerces de nécessités allant du petit super marché, de la boulangerie jusqu'au point Internet.



Nous nous arrêtons dans un bistrot construit de planche et de tôles ondulées pour déguster la bière glacée brésilienne et là, quelle ne fut pas ma surprise, lorsque dans cet endroit aussi précaire je découvre un point Internet avec plusieurs PC à disposition. Nous rentrons au bateau pour le déjeuner et déciderons plus tard de notre emploi du temps.



Dans ce coin reculé du Brésil nous sommes l'attraction du ponton. Les gamins matte le bateau comme un engin extraterrestre. Malgré notre ignorance totale du portugais nous essayons de communiquer avec les pêcheurs. C'est ainsi que j'ai l'agréable surprise de trouver un homme qui spontanément me propose le tuyau d'eau pour remplir mon réservoir. Nous nous sentons vraiment très bien au milieu de cette population simple et sympathique.



Je décide de gonfler l'annexe afin de découvrir un peu plus l'endroit. Je n'ose pas trop remonter plus haut avec Marie-Alice n'ayant aucune carte de détails du fleuve. Aussi nous irons demain avec le dinghy à Parama&iunl;ba qui se trouve à 8 miles en amont.



Au petit matin le temps est un peu meilleur et le soleil arrive à percer au bout de ces deux jours de pluie. Le chalut auquel nous étions amarré est parti dans la nuit pour une campagne de 25 jours de pêche et nous nous sommes amarré à celui d'à coté avec l'aide des pêcheur comme si cela était naturel. Ces gens sont vraiment adorables.



Je n'ai aucune carte de détails et je prends quelques renseignements à droite, à gauche pour notre escapade sur le fleuve. Nous sommes dans un delta et ce fleuve se divise en de multitudes de bras. Logiquement si nous gardons la gauche en remontant nous devrions arriver à la petite ville. De part et d'autre de l'annexe un rideau vert défile. Nous ne croisons pratiquement personne et nous avons le plaisir de nous retrouver dans cette végétation tropicale. Un peu plus on pourrait se prendre pour les aventuriers de l'arche perdue.



Cela fait à présent bien trois quarts d'heure que nous remontons et nous commençons à voir quelques traces de la civilisation. Nous croisons des barques effilées grées de grande voile triangulaire aux couleurx vives. Le long des berges nous apercevons des appontements devant quelques battisses rudimentaires. A notre passage les gens nous saluent et enfin au détour d'un méandre nous apercevons la ville.



Nous arrivons le long d'un quai touchant une avenue bordée d'arbres. Nous attachons l'annexe et partons à la découverte de cette nouvelle ville. C'est assez drôle dans ce coin du Brésil les villes sont légèrement excentrées du fleuve. Comme pour Luis Coréas nous avons à marcher un ou deux kilomètres afin de trouver le centre ville. Par contre ici le bourg est beaucoup plus important. Nous traversons plusieurs marchés ainsi qu'une magnifique place arborée en face d'une église. La ville n'est pas du tout touristique et ne revêt pas un attrait extraordinaire mais nous sommes au cœur de la vie brésilienne. Après un repas dans un resto au kilo nous retournerons à l'annexe pour revenir au bateau. Demain nous allons faire une excursion en speed boat dans le delta au départ de Tatus . On nous a promis de magnifiques paysages sauvages. Alors banco pour cette nouvelle découverte.



La chance avec le soleil semble être avec nous pour ce départ en excursion. Nous prenons un bus qui part de Luis Coréas pour aller à Parna&iunl;ba qui se trouve à quinze kilomètres. Cette fois-ci nous n'y irons pas en annexe. Le bus nous laisse juste devant l'agence qui organise cette excursion. Après avoir payé, un 4X4 de l'agence vient nous récupérer pour nous emmener à Tatus. C'est le départ de tous les speed boats qui font visiter le delta qui est carrément gigantesque. Cela s'étend sur une cinquantaine de kilomètres. Avant d'arriver à Tatus nous traversons des villages de caractères disséminés au gré de morceaux de terres à travers la lagune.



L'embarcadère se trouve dans un bras du fleuve. Nous nous installons dans cette coque à fond plat propulsé par un gros moteur hors bord. Notre jeune guide à l'air de beaucoup s'amuser à piloter cet engin particulier. Au détour du premier méandre nous rejoignons le grand fleuve immense qui doit faire plusieurs kilomètres de large. Un virage à 90° à fond les manettes nous propulsent dans les méandres de la mangrove. Notre guide ne décélère pas et enquille les virages de ces petits bras du fleuve les uns derrière les autres. Cette fois-ci, c'est beaucoup plus étroit et les rideaux verts qui bordent notre voie d'eau ne doivent pas être à plus de 30 mètres l'un de l'autre. Au détour d'un méandre c'est la première halte pour observer une chauve souris dans un manguier. Un peu plus loin nous pourrons apercevoir un singe sauter de branches en branches. Enfin nous nous arrêtons devant les immenses dunes qui ont pris la place de la mangrove.



Le spectacle est assez déroutant. Ces dunes de sable blanc telle que l'on pourrait les observer au Sahara contrastent avec le vert de la mangrove. Sous un abri de toit de paille nous apercevons des zébus en se demandant ce qu'ils peuvent bien trouver à brouter ici. Comme dans le désert après avoir gravit la première dune on en voit une seconde puis une troisième ainsi de suite. Le paysage s'étend ainsi vers la mer sans que l'on puisse en voir le bout. Nous reprenons à présent notre speed boat pour un retour au rodéo à travers la mangrove. Malgré notre difficulté à comprendre notre guide qui ne parle que le portugais nous saisissons que l'activité principale ici est la pêche au crabe et à la crevette. Il nous arrête cette fois–ci dans un trou de mangrove ou nous pouvons débarquer.



Nous sommes comme dans un sous bois où les rayons de soleil filtrent entre les feuilles. Le sol est une espèce de boue séchée où nous pouvons marcher sans nous enfoncer. Nous observons les grandes racines des arbres qui viennent chercher l'eau à marée basse. Le sol est couvert par les trous des crabes qui s'enfouissent à marée basse. Notre guide plonge sa main puis son bras et l'avant bras dans un de ces trous. Il nous explique que c'est la méthode pour pêcher le crabe. Au bout d'un instant il nous ressort un gros crabe qu'il a pris bien soin de saisir de la bonne façon. Le coin à l'air envahit de ces bestioles.



Pour la dernière partie de l'excursion nous filons vers l'embouchure du fleuve. Cette fois ci un bon clapot nous fait sauter joyeusement sur nos sièges. Mais notre pilote de formule un à l'air de s'amuser comme un fou à faire décoller son engin sur les vagues. Une dizaine de minutes après, nous arrivons sur la plage côté fleuve. De ce côté même si cela est très étonnant l'eau est douce. Nous débarquons pour traverser cette langue de sable d'environ 500 mètres pour aller tremper les pieds dans l'océan.



Ici la longue houle Atlantique vient déferler sur cette plage.. Des kilomètres de sable vierge s'étendent de chaque coté. La nature est déserte et belle dans sa plus simple expression.



Le retour se fera à la cadence de l'aller et nous rejoindrons le ponton en fin de matinée.



Après un repas au restaurant, nous décidons d'aller rendre visite aux amis de mon complice Jean François Diné. Lorsqu'il s'était arrêté ici quelques mois avant nous, il s'est payer le luxe de remonter avec son bateau jusqu'à Parna&iunl;ba. Moins courageux que lui j'ai préféré rester avec les pêcheurs 7 miles plus bas.



Apparemment son passage a marqué les esprits. Le fameux Bilou ne dissimula pas sa joie d'avoir des nouvelles de Jean François. Même avec notre difficulté de communication, il a été heureux de nous faire faire voir le livre dédicacé de mon ami. Impossible de partir sans voir la famille de Marcus , d'autres connaissances à lui avec toujours la même émotion. C'est touchant de voir la qualité de cœur de ces gens modestes qui ne savent quoi faire pour vous faire plaisir. Je comprends mieux à présent l'insistance de Jean François pour que j'aille les saluer.



Il a bien fallut s'arracher car il va falloir préparé le bateau pour la prochaine étape où nous devrions retrouver Luc et Nelly. La prochaine journée sera consacrée au plein d'eau, de gasoil et à l'avitaillement. Mardi à midi avec la marée nous appareillerons pour Sao Luis. Seulement 200 miles nous séparent d'une de ces dernières étapes au Brésil.


Richard Bessenay
Non enregistré Non enregistré
Posté : 02-04-2009
Merci de votre réponse
a bientôt pour de futures aventures
[addsig]
tango tango
Posté : 01-04-2009
Bravo !!!
Courage ! Naviguez et ..... rejoignez le bagne ...en galère !!!

:=! :b
infocapagde infocapagde
Posté : 01-04-2009
Le début du retour vers le nord



Nous sommes arrivés au terme de notre séjour à Salvador et nous allons entamer notre longue remontée vers le nord. C'est l'heure des adieux avec le bateau Jomandi avec qui nous naviguons depuis 4mois. Sandoval le patron de la marina de Ribera a organisé une petite soirée pour notre départ.

A cause de la marée, j'ai du déplacer le bateau et aller jusqu'au Cenab en centre ville. Là, j'ai retrouvé deux autres équipages pour faire route ensemble pendant quelques semaines, Fairy tale et Maclow deux feeling de plus de 45 pieds. Sandoval est venu nous chercher en voiture pour nous emmener à son condominium. Les Brésiliens argentés habitent dans des résidences sécurisées. Ces résidences sont de véritable Beverley hills à la brésilienne. Lorsque nous passons le porche d'entrée où se trouve les gardiens c'est un véritable village qui s'ouvre à nous. Les villas rivalisent de luxe et d'originalité. Sandoval nous amène jusqu'au club house du condominium. Il nous a préparé une petite ca&iunl;pirina dînatoire. Nous dégustons ces derniers moments avec Jo&eunl;l et Mandy au bord de la piscine dans ce cadre de cinéma.



A 23 heures il est temps de se séparer. Ce n'est pas sans émotions que nous mettons un point final à 4 mois de vagabondage ensemble sur les océans. C'est la règle du jeu, nous saluons pour la dernière fois Jo&eunl;l et Mandy à la porte de Marina Pier Salvador. Peut être, nous reverrons nous l'année prochaine en Martinique. Le destin jouera pour nous. Sandoval nous ramène au Cenab. Nous ne manquons pas de le remercier pour sa gentillesse qui nous va droit au cœur et je lui promets que lorsque je reviendrais au Brésil, j'irais m'amarrer à Pier Salvador.



Le lendemain fut le moment de préparer le bateau et les équipages pour la remontée. Les briefings entre les skippers vont bon train pour choisir les escales et les routes à suivre. Finalement, je largue les amarres samedi matin à neuf heures pour une première étape de 150 milles qui devrait nous mener à Aracaju.



La sortie de la Bahia dos Santos se fait avec un petit zef et un courant qui nous pousse dans le bon sens. Marie-Alice sent le vent du large et caracole allégrement sur le clapot.. La marée descendante avec le vent ainsi que le banc de sable qui remonte le fond à 8 mètres vient contrarier la longue houle des alizés. Cela provoque ce clapot haché de un mètre cinquante où Marie-Alice joue des coudes pour avancer. Cela n'est pas très long, seulement un demi mille. Mais le mal de mer me surprend sur les vagues de la sortie du golf car cela fait à présent deux mois que nous n'avions pas réellement navigué donc pas vraiment amariné.



Lorsque nous prenons notre cap pour la remontée, la mer se fait beaucoup plus douce. A notre grande surprise, un vent au près bon plein nous accompagne. Nous qui pensions remonter contre vent et courant, sommes agréablement surpris. La journée se passe accompagnée de l'ami Volvo pour appuyer ce vent léger en gardant une vitesse honorable. La nuit venant et le vent se renforçant nous pouvons voguer à présent seulement à la voile et nous apprécions cette navigation silencieuse sous le ciel étoilé de l'hémisphère sud. Nous jouons à cache cache avec Fairy Tale qui nous dépasse et que nous repassons. La nuit fut merveilleuse accompagnée d'un vent constant qui nous a fait dépasser nos objectifs de vitesse.



Nous avions prévu arriver à Aracaju en fin d'après midi pour la marée haute. L'entrée d'Aracaju, dans ce fleuve est assez délicate. Un de nos amis nous a donné le waypoints à suivre pour trouver la clef du labyrinthe mais les deux autres bateaux ne sont pas très chauds pour cette escale. Maclow qui n'était pas près avait décidé de rester une journée de plus à Salvador et nous rejoindre à Macéo. Lorsque je propose à Jean Charles à la vhf sur Fairy Tale de continuer sur Macéo, au regard de l'avance que l'on avait, sa réponse ne s'est pas fait longtemps attendre pour me dire OK. Les conditions de mer étaient excellentes et nous aurions du attendre au moins quatre heures avant de pouvoir entrer. Alors, au revoir Aracaju !



L'après midi qui a suivi nous a gratifié de conditions très agréables. Un bon vent dans le bons sens et pas trop de mer. Le fait d'avoir sauter un étape nous rallongeait la route de 24 heures et devait nous amener à Macéo le lendemain à 15 heures où la marée n'avait aucune incidence.

A la fin de la journée le ciel commença à se charger et avec la nuit sont arrivés les grains. Ici, ce genre de perturbation est rarement accompagnée de coup de vent. Au contraire, le vent tombe et souvent change de direction. Alors c'est la valse des voiles. Enrouler, dérouler, puis enrouler de nouveau, voila ce que fut notre activité nocturne accompagnée du démarrage et de l'arrêt du moteur.



Le jour qui se lève n'a pas dissipé les pluies. Nous avons l'impression d'être retournés au pot au noir. Toute la fin de cette navigation s'est faite sous des pluies diluviennes avec des visibilités qui parfois n'excédaient pas un mille. Même à l'approche de Macéo nous avons du faire les manœuvres de mouillages sous cette pluie battante les cirés trempés. Enfin, à 15heures nous étions amarrés à une bouée du yacht club de Macéo et nous allions enfin pouvoir nous reposer.



Il fallait quand même gonfler l'annexe pour amener la chère Crevette faire ses besoins à terre et prendre nos premiers contacts avec cette escale.

C'est seulement le lendemain que nous sommes allés avec l'autre équipage à la découverte de cette ville.



Elle n'a pas un très grand intérêt touristique. Mais la folie Salvadorienne nous avait tellement fatigués que ce fût reposant de s'arrêter à un endroit où on oublie les touristes et leurs dinheiros ! Le soir même, l'équipage de Maclow nous avait rejoint et nous nous retrouvions tous chez Fairy Tale autour de la sacro sainte caipirina. Les comptes rendus de navigations allaient bon train et nous organisions les futurs emplois du temps. L'attrait de la ville n'étant pas d'un grand intérêt nous décidons de repartir sur Suape deux jours plus tard. Il faut quand même souligner l'extrême hospitalité du yacht club de Macéo qui nous a offert ces jours de courtoisie en nous permettant de profiter des infrastructures du club. (Douches, plein d'eau et passeur.) .Cela nous laisse toujours perplexe au regard de l'accueil de nos marinas françaises ou le numéro de carte bleue est le seul intérêt du maître de port.





Entre Macéo et Suape nous avions prévu une vingtaine d'heure. C'était sans doute possible. Cependant lorsque nous sortons de la baie de Macéo nous avons la surprise d'avoir le vent juste sur notre cap. Il fallait donc tirer des bords.



Depuis à présent trois mois que nous sommes au Brésil nous avions perdu les réflexes de prendre la météo avant chaque départ. C'est vrai que nous avions pris l'habitude d'avoir des vents d'Est constants qui ne dépassaient pas 20 nœuds. Mais ce jour là, Eole avait décidé de nous jouer des tours.



Après un premier bord d'une dizaine de milles, nous nous sommes retrouvés après un virement de bord à faire un cap qui nous amenait seulement quelques milles de notre point de départ. Revenus sur la côte non loin des cailloux, je décide de faire cette fois ci un grand bord qui m'amènera carrément au large. C'est ainsi que nous naviguons pendant 4 heures vers le grand large. Le vent n'étant toujours pas avec nous au dernier virement de bord je décide de m'appuyer au moteur pour faire un près à 15° du vent. Ce n'est qu'au petit matin que le vent adonnera et nous permettra d'oublier l'ami Volvo.



Nous avions raté l'heure de la marée haute pour rentrer dans la lagune de Suape. Arrivés dans ce grand port de commerce qui nous ouvre la porte de la lagune, nous sommes obligés de faire un mouillage pour attendre la prochaine marée.

L'environnement n'a rien de très attrayant. Nous sommes dans un bassin pas très loin des tankers et des portes containers. Le mouillage en plein courant de marée est compliqué. Le fond tombant de la berge de façon très abrupte nous oblige à mouiller l'ancre par 15 mètres de fond. Peu importe il est 17 heures nous sommes ancrés avec Maclow et Fairy Tale pour attendre la marée du lendemain.



Pour atteindre cette fameuse lagune qui m'avait été tant vantée par mon ami Jakson, Il fallait les clefs du gymkhana pour contourner les hauts fonds. Finalement après plusieurs tentatives peu efficaces, nous décidons de prospecter avec les annexes et les sondes à main pour trouver l'entrée de ce petit paradis.



A midi, nous étions ancrés dans un trou d'eau de 100 mètres par 100 suffisamment profond pour nous mettre à l'abri de l'échouage à marée basse.



C'est vrai que le décor valait le détour. A seulement un mille d'un port industriel se cache un petit coin de paradis. Une grande plage de sable blanc nous emmène jusqu'à un ravissant petit village. Il semblerait que c'est un lieu de villégiature ou de nombreux Brésiliens viennent passer le week-end au bord de la mer. Tout le long de cette plage les paillotes servent des petits repas et des bières glacées. Nous pouvons apprécier la quiétude du lieu à l'ombre d'un parasol.



C'est seulement le lendemain que Xyphos un autre bateau nous a rejoint. Le soir nous faisions tous la fête chez lui.



Jean et Michelle sur Maclow étaient pressés de partir. Seulement 30 milles nous séparait de la prochaine escale Recife. Pour cette étape nous décidions d'un commun accord de changer d'équipière. C'est ainsi que Nathalie a pu goûter au confort d'un 48 pieds et que nous poussions les limites de Marie- Alice avec Nina qui est professeur de voile au Glénan.



Finalement, Maclow nous a pris seulement une petite demi-heure sur ces trente milles ce qui est très honorable au regard de la différence de taille des deux bateaux.



L'escale de Recife n'étant pas une découverte pour nous, j'en ai profité pour faire les corvées administratives. Notre prolongation de visa a été un parcours du combattant.

Première étape, télécharger le formulaire de renseignement en ligne sur Internet et s'inscrire en ligne pour éditer un document avec lequel nous allons pouvoir payer ce visa.

Deuxième étape, trouver une Banco do Brazil pour aller payer avec notre document la taxe pour les extensions de visas.

Troisième étape, aller à l'aéroport où se trouve le seul bureau de l'émigration habilité à faire cette démarche.

Finalement, au bout de deux jours d'allers et venues jonglant avec les horaires d'ouvertures, nous avions enfin le tampon sur notre passeport nous permettant de rester trois mois de plus au Brésil. Au passage, j'en ai profité pour faire une entrée, sortie de l'état du Permanbuco afin d'être complètement en règle avec l'administration brésilienne.



Nous sommes partis en fin d'après-midi pour l'étape suivante qui nous conduit de Recife à Jacaré. Seulement 80 miles nous séparent pour cette étape mais une fois n'est pas coutume cela va se passer au prés serré. Apres un long bord au large d'une quinzaine de milles nous virons de bord pour enfin faire un cap qui va nous amener sur l'entrée du Rio Paraiba . Les 20 heures de navigation qui nous ont séparé de cette escale n'ont pas été des plus agréables. Finalement, après quelques grains qui nous ont arrosé copieusement au lever du jour, nous sommes arrivés à l'entrée du chenal à 11H 45. Malgré la marée qui descendait et le courant contre nous, on s'est quand même lancé sur une remonté de 4 milles qui nous à conduit à marina Jacaré village le terme de cette étape. Au détour d'un méandre nous découvrons les pontons de cette marina tenue par un Français.

Ici, c'est encore un repère de Français. Nous sommes accueillis par Gérard et Anne sur Vaguabul. C'était un voilier Français que nous avions croisé à Rabat. Nous devons nous arrêter ici pour une dizaine de jours. J'ai quelques travaux à faire sur Marie-Alice et l'endroit est une parfaite escale technique. Pour l'heure, nous découvrons Jacaré village et prochainement Joao Pessoa où nous ferons notre entrée dans ce nouvel état. La marina nous offre tout le confort avec douche, piscine, eau et électricité sur le ponton avec en prime la wi-fi. Nous sommes en pays de connaissance et le plus dur est de travailler sur le bateau en abandonnant les discussions de ponton.



Le Brésil nous réserve toujours des surprises. Jacaré est un petit coin de fleuve protégé par un périmètre écologique où se développe la mata Atlantica. À quelques kilomètres, Joao Pessoa est une ville d'importance moyenne. On s'y rend avec un petit train qui fait la ligne de Cabadelo (c'est un autre petit bourg à l'embouchure du fleuve). Ce village de Jacaré est un havre de paix au milieu de ces deux centres urbains.

Ici, c'est la campagne, les routes ne sont pas goudronnées mais on trouve tout pour y survivre. J'ai même trouvé un coiffeur qui m'a coupé les cheveux pour trois reals (1 euros !). Je ne ferais pas fortune si je devais m'installer ici !!. Le soir, il y a une attraction qui attire des gens de très loin. Un saxophoniste se met en scène au couché du soleil et joue tous les soirs depuis à présent plusieurs années le Boléro de ravel. Il descend d'un ponton sur une barque et joue sur le fleuve pendant que le soleil passe derrière l'horizon. Il veut rentrer dans le livre des records pour avoir jouer le maximum de fois ce boléro de Ravel.

Il y a trois appontements où les bateaux peuvent s'amarrer mais celui de Philippe Freyssard est le mieux équipé. A coté de nous, un anglais a posé son sac et a crée un petit chantier naval où il construit des petits catamarans.

A midi, nous pouvons manger à notre cantine devant le fleuve où on nous sert un repas complet avec une bière fraîche pour l'équivalent de moins de deux euros.

Le long du fleuve, il y a une petite allée de bars un peu plus chics sur quelques centaines de mètres. On y trouve aussi des artisans qui fabriquent de jolis bijoux.

Ayant abandonné l'idée de remonter l'amazone avec Marie Alice, nous avons prévu de faire .des excursions au départ de Joao Pessoa. Ce n'est pas l'endroit le plus pratique, cependant c'est le dernier port à un prix raisonnable qui offre l'infrastructure suffisante pour laisser le bateau avant la Guyane qui se trouve quand même à 1300 miles.



Nous avons projeté d'aller à Belém en Avion. Pour Sao Luis et le parc de Lançois, à la lecture des deniers mails de copains qui y seraient passés, Marie Alice aurait suffisamment d'eau sous la quille pour y traîner son étrave. Donc nous décidons d'un aller retour en Avion Belém Joao Pessoa. Nous ferons le reste en bateau.



L'affaire n'est pas simple, surtout avec un chien. La première visite à l'agence de voyage de Joao Pessoa fut une expérience enrichissante mais il ne fallait pas penser que dans ce pays, on puisse avoir tous les renseignements du premier coup.

Il fallait déjà être en règle avec le chien !



Comme rien est simple ici, on nous a expliqué qu'il fallait un certificat d'un vétérinaire brésilien attestant en portugais ce que les papiers internationaux effectués en France attestaient. L'attestation du vétérinaire Brésilien faite, on nous a expliqué qu'il fallait un papier du ministère de l'agriculture pour pouvoir voyager en avion. Que cela ne tienne, Dans la mesure où on nous ne demande pas l'autorisation express de Lula, pourquoi pas ?. Arrivés à la délégation régionale du ministère de l'agriculture à Cabédelo, le fonctionnaire charmant au demeurant nous a assuré que les deux attestations française et portugaise suffisaient amplement pour voyager.





La deuxième visite à l'agence de voyage de Joao Pessoa ne fut pas la dernière. Armés des papiers nécessaires pour le chien, nous revoilà en quête de nos billets pour Belém. L'affaire se complique, premièrement, il n'est pas possible de payer avec une carte de crédit, deuxièmement, il faut demander confirmation à la compagnie si elle accepte les chiens. Logiquement cette confirmation doit se faire en 48 heures.



A la troisième visite, après avoir payé en espèces, nous avons enfin nos billets pour Belém avec la confirmation pour le chien.



Il est minuit à l'aéroport de Joao Pessoa et nous espérons embarquer dans deux heures pour ce périple aéronautique. En effet, il s'agit de prendre un avion pour Salvador où l'on change avec 2 heures d'escale pour un autre qui s'arrête à chaque ville sur son passage. Je connaissais les omnibus mais je ne connaissais pas les omni plane. Finalement, nous arrivons à 14 heures à l'aéroport de Belém.

Le taxi de l'hôtel nous a oublié, ça commence bien ! Il faut espérer que l'hôtel ou nous avons réservé ne nous ait pas complètement oublié.

Au bout d'un quart d'heure, le Taxi nous arrête devant Massilia Hôtel, un établissement tenu par un français. L'endroit est sympathique sans être d'un luxe débordant. La petite chambre au rez-de-chaussée donne sur un patio arboré agrémenté d'une petite piscine. L'accueil n'est pas très chaleureux pour des compatriotes mais l'endroit est acceptable même si le prix par rapport au pays est relativement élevé.

Après une douche et un léger repos nous décidons d'aller à la découverte de cette ville.

A quelques centaines de mètres de l'hôtel nous arrivons sur une immense place agrémentée d'immenses manguiers et autres cocotiers ainsi que certaines essences d'arbres que nous ne connaissons pas. Cette place entourée de buildings a gardé un style très colonial avec des bassins ornés de sculptures, de nombreux squares et un théâtre rococo trônant au milieu de jardins. On ressent ici une atmosphère encore différente de ce que nous avons connu jusqu'à lors. On pourrait facilement imaginer la bonne société du début du siècle dernier, les femmes en robes longues et ombrelles et les hommes en canotiers. En descendant l'avenue du président Vargas, les immeubles rococos se mélangent aux constructions contemporaines. Arrivés vers le fleuve, un magnifique palais début du siècle héberge une compagnie privée.

La circulation ici est laissée à l'interprétation des usagers. Traverser une avenue reste une aventure. Bref, après quelques courses folles, nous arrivons sur les quais où se situaient les anciens docs.

Tout a été rénové. Ces bâtiments où les bateaux venus de l'Europe chargeaient et déchargeaient leurs frets, abritent à présent des expositions, des restaurants et des boutiques. L'endroit est un peu impersonnel au style industriel mais toute la middle class Belèmoise s'y retrouve. Les anciennes grues sur rail sont devenues des articles de musée ainsi qu'une vielle locomotive à vapeur.

Nous marchons sur ces quais le long du fleuve immense. Les courants ne se mélangent pas et nous pouvons observer des couleurs d'eau différentes. Cela se décline du rouge boue au gris sale. La largeur de ce bras d'eau est impressionnante les bateaux locaux ont du mal à remonter ce courant de marée.

A présent, nous quittons les anciens docs pour arriver vers quelque chose de beaucoup plus locale.



Nous rentrons dans le célèbre marché de Belém. Une abondance d'échoppes s'articulent dans un désordre incompréhensible sous un toit de toile. On trouve ici la culture indienne amazonienne avec les fruits et les légumes et toutes les plantes médicinales de tradition indienne. C'est ainsi que l'on peut trouver des potions pour soigner tous les maux, en passant par les filtres d'amour, jusqu'au viagra naturel 100% garanti. Au détour de certains étales nous découvrons des fruits aux formes et aux couleurs inconnues. Nous finirons ce tour par l'artisanat indien.



Tout en suivant ces quais, nous arrivons vers les petits estaminets de restaurations locales. Ici pour 6 reals (2 euros) on peut manger un repas complet avec viande, légume et salade. La bière de 60 cl nous coûtera 3réals (1 euros) Nous décidons de nous y arrêter pour nous y restaurer. Nous continuerons notre promenade sur le bord du fleuve Para pour arriver à l'ancien bâtiment où se trouvait le marché de la viande reconverti aujourd'hui en musée. Plus loin nous découvrons le bâtiment qui abrite le marché aux poissons. Cette battisse bleue, flanquée de quatre tours aux toits pointus reste un des bâtiments les plus pittoresque qui retiendra toute notre attention. Juste derrière se trouve le port de pêche. C'est là, que les grosse lanchas qui croulent sous les filets s'échouent à marée basse. La ville est vraiment pittoresque et est exactement comme je l'imaginais. Bien sûr, elle a perdu son lustre d'antan à l'époque où les élégantes du début du siècle se pavanaient dans les jardins. Il parait qu'il avait été disposé sur les trottoirs des tapis en caoutchouc pour éviter qu'elles abîment leurs chaussures. Aujourd'hui tout ceci a disparu et la ville a gardée un charme désuet. Comme partout au Brésil, le contraste est là ! Que cela soit entre les buildings ou les maisons au style coloniale, les riches et les pauvres. Les bateaux qui circulent sur le fleuve sont souvent à plusieurs étages et sont tous couverts à cause de la pluie. Ils arborent des couleurs vives avec des graphismes originaux et des noms parfois humoristiques.



Après avoir trouver un billet retour à un prix exorbitant, il nous restait un jour et demi pour finir notre visite de Belém. C'était l'occasion rêvée pour aller visiter les petites îles d'en face. Nous traversons la ville pour nous retrouver devant l'embarcadère d'un l'hôtel où se trouve le bateau qui va nous amener à destination.

C'est un vieux bateau en bois à deux étages relativement étroit. Déhalé de son appontement le bateau s'élance entraîné par le fort courant. Le moteur éructe en fumant noir mais entraîne la lourde embarcation. De là, nous avons encore une autre vue de la ville. Encore un contraste entre l'urbanisation et la forêt amazonienne. Nous traversons ce fleuve pour nous engager dans un petit bras de rivière où les bateaux se croisent avec difficultés. Nous changeons de décor. Tout le long des berges se trouvent de nombreuses maisons sur pilotis où les pirogues peuvent apponter. Ici, le moyen de transport est la pirogue qu'elle soit petite ou grosse à moteur où à rame. Le reste des berges est un rideau vert occupé par la forêt amazonienne. L'amazone star tel est son nom se faufile entre les méandres de ce bras de rivière. Le delta de l'amazone est invraisemblable. Il s'étend sur des centaines de kilomètres et même ce qui nous parait être des grands fleuves reste ridicules à l'échelle de ce monstre.



Au bout d'une demi heure de navigation au gré des méandres de ce bras de rivière nous arrivons vers un petit débarcadère en planches Les fanatiques des programme de qualité iso 9002 ferait ici une dépression nerveuse. La passerelle qui nous sépare du ponton est à peine fixée et nous nous demandons toujours si ce bois détrempé par les pluies ne va pas crouler sous notre poids. Ici, une ampoule électrique au bout de deux fils dénudés est restée allumée non loin d'une gouttière, là une planche cassée laisse apparaître la rivière deux mètres plus bas. Nous remontons le chemin principal du village. Au bout, les cris des enfants nous indiquent l'école ou l'institutrice écrit au tableau noir. Nous sortons du village par un petit chemin pour nous diriger vers une ferme. Notre guide connaît le propriétaire de ce petit morceau d'Amazonie. Cet Indien vas nous emmener pour une petite balade en forêt pour nous faire découvrir ses trésors. Un perroquet aux couleurs chatoyantes est perché sur la main d'un jeune garçon. La marche en forêt se révéla très instructive. Notre guide Rute traduisait ce que nous montrait l'indien. C'est ainsi que nous avons pu découvrir une multitude de fruits et de baies qui était consommables. Il nous a aussi donné beaucoup d'informations sur les plantes médicinales pour soigner toutes sortes de maux. Au bout de deux heures nous rejoignons l'embarcadère pour regagner Belém.

Le chemin retour fut agrémenté du même charme que l'aller. Les nombreuses pirogues que nous croisons ne manquent pas de nous saluer. Nous ne sommes pas loin de la marée basse et le bateau prend un autre itinéraire qui ne manque pas de charme. Nous rentrerons à la nuit au ponton de l'hôtel où nous attend le taxi.



Pour notre dernière soirée à Belém nous choisissons d'aller manger dans un restaurant français à côté de l'hôtel. Le personnage est haut en couleur. Ancien Marin pêcheur, il s'est installé aux Antilles puis en Guyane française pour enfin ouvrir ce restaurant ici. Il s'est avéré après quelques minutes de discussion qu'il connaissait mon ami Eric de Cayenne. Au menu, côte de bœuf au gril, pomme de terre à la braise avec une entrée de terrine de foie de volaille. Le tout, arrosé d'un bon vin rouge chilien. Ce fut un bonheur après ces mois de nourriture locale pas toujours au goût français. Profitons-en, demain sera un autre jour avec le retour pour l'épopée aéronautique pour Joao Pessoa.

Il est trois heures du matin nous avons enfin retrouvé Marie-Alice. Tout est ok et Crevette n'a pas trop mal supporté son voyage en cage dans la soute de l'avion.

Nous allons pouvoir nous préparer pour notre longue remontée sur Cayenne.



Richard Bessenay
infocapagde infocapagde
Posté : 26-02-2009
Carnaval

Une orgie de décibels, une symphonie de couleurs, le carnaval de Bahia démarre en douceur le mercredi pour 6 jours de folie complète. Le premier soir nous montons prendre la température dans le Pélourinho. C'est le centre historique de la ville. A chaque coin de rue ou sur chaque placette des estrades et des décorations sont présentes. On ressent comme un calme avant la tempête. Nous optons pour une première animation payante dans un immense patio. Le ticket d'entrée se paye avec l'achat d'un tee-shirt aux couleurs de l'événement. A l'intérieur une foule habillée du même tee-shirt ondule au rythme endiablé de l'orchestre et des chanteurs qui se succèdent au micro. L'ambiance est électrique, les hommes et les femmes ondulent du bassin dans une samba endiablée. Les corps se frottent, les regards se croisent, on ressent des pulsions tribales. La musique nous enivre nous invitant à l'abandon. Le jeu des œillades bat son plein. Lorsque une femme nous regarde dans les yeux la coutume ici nous permet de l'embrasser. Apres deux heures de cet exercice épuisant nous jetons l'éponge pour aller se restaurer et boire un verre dans un endroit plus calme.

Il ne faut pas brûler toutes ses forces le premier jour. Nous avons l'impression que la rue est en échauffement. Quelques formations traditionnelle défilent au rythme des percutions. Chaque groupe ainsi que leurs supporters portent leurs propres couleurs. Pour l'heure, il s'agit de groupes plus traditionnels composés de cuivres et de percussions. Quelques formations sont accompagnées par des danseuses en costumes de bahianaises. Ces femmes ont une grâce extraordinaire dans ces robes à crinolines avec leurs coiffes élaborées. Dans les jours qui vont suivrent la température va monter progressivement.

La deuxième journée a été un peu décevante. Après de longue marche dans la vieille ville, l'ambiance n'était pas au rendez-vous. Apparemment l'événement du jour devait se passer à Barra (le quartier chic de Salvador). Nous avions pourtant pris les informations sur le programme du carnaval mais les horaires annoncés ne tiennent pas compte du décalage avec la réalité. Lorsque l'on donne rendez-vous à un brésilien, il faut bien compter trois à quatre heures de plus si ce n'est pas le lendemain. Aussi, en arrivant à 21H pour 20H30, nous étions 3H en avance. Nous avons vu le démarrage de deux cortèges mais la foule ne répondait pas présente. Finalement vaincu par la fatigue nous sommes rentrés au bateau sur notre faim à 1h du matin.

Les événements qui remuent les foules sont les trios électricos Ce sont des formations installées sur des remorques énormes tirés par de monstrueux camions. Ces remorques sont équipées de générateurs surpuissants qui alimentent des sonos improbables. A leur passage, il vaut mieux être équipé de boules Quiès si on ne veut pas devenir sourd pour le restant de sa vie.


C'est le troisième jour que nous avons vu monter en puissance la folie du carnaval.
Nous sommes vendredi soir et les Salvadoriens ont finit le travail. La ville s'est préparée à l'événement annuel. C'est assez ahurissant. Nous commençons notre programme par Campo Grande. On a l'impression que les services municipaux se sont préparés à un cyclone. Toutes les vitrines où passent les cortèges sont protégées par des palissades en contre plaqué. Les jardins publics sont protégés de la foule par d'énormes barrières. Les équipements publics (téléphone abris etc.) sont démontés. Les statues sont protégées par des palissades en contre plaqué. Ces mesures de sécurité nous font redouter le pire. Cependant la présence de milliers de policiers casqués et armés jusqu'aux dents nous rassure un peu. Si les immenses tribunes des officiels n'étaient pas là, Campo grande ressemblerait à un camp retranché. Les phénoménales semi-remorques attendent le départ pour les 8 km de leur circuit. Dans la rue, les vendeurs de boissons et nourriture sont légions. Cela doit être de milliers de m3 de bière qui doivent être consommés pendant cette période. Nous nous restaurons un petit peu avant le départ de la folie carnavalesque.

C'est dans une gigantesque débauche de décibels que s'ébranle le premier Trio électricos. Ces formations s'appellent des blocs. Elles sont séparées du reste de la foule par une corde tenue par des dizaines de participants à la formation. A l'intérieur de ces blocs qui entourent les camions les hommes et les femmes habillés aux couleurs de leur groupe ondulent au rythme de leur musique. En haut sur les plateformes des remorques, les orchestres se déchaînent et les chanteurs chauffent la foule à blanc. Derrière cela, le cortège et la foule anonyme commencent à suivre. Nous regardons cela d'un petit coin encore respirable derrière une barrière surplombant leur passage. La seconde formation s'ébranle à son tour dans le même délire de décibels. Nous tentons une première intrusion dans cette foule compacte. Il faut se tenir par la main et les corps se mélangent au rythme de la samba. Nous nous dégageons sur un côté pour essayer de rejoindre le Pélourinho par l'autre voie du circuit.
Nous avons un peu de répit et nous marchons à contre sens de la foule moins compacte. Nous croisons d'autres formations qui avaient démarrées plutôt dans la soirée. Nous sentons la fièvre du Carnaval monter doucement.

Beaucoup de groupes sont composés d'hommes travestis en femmes. La majorité des femmes sont habillées de façon la plus légère. C'est souvent des shorts hyper courts laissant les reins et le haut des fesses visibles avec des hauts taillés en décolletés vertigineux. Un moment, au passage d'un bloc un mouvement de foule nous a comprimé contre une barrière. Ce sont des mouvements inquiétants du a des bagarres isolées. Mais le problème est vite réglé par la police qui n'est jamais très loin.
En redescendant, à l'approche du Pélourinho, nous voyons arriver au loin le bloc Olodum. Ce sont des stars locales. La foule de ce groupe est énorme, le son est plus tribale africain avec des percussions qui jouent en avançant en bas du camion. Tous les participants portent des tee-shirts aux couleurs du groupe. Les graphismes sont splendides. Nous sommes pris par le rythme malgré nous et nous sentons les pulsions tribales de la foule. C'est tout simplement génial. Le bloc doit faire au moins 800 mètres de foule compacte qui ondule sur les percussions. A son passage, ça décoiffe, Le son nous arrive directement sur la poitrine et les bouchons dans les oreilles nous évitent d'exploser les tympans. Les groupes qui passent derrière semblent plus fades.

Nous terminerons la soirée au Pélourinho où nous avons enfin pu trouver une terrasse pour boire un verre autour d'une table pour nous reprendre un peu.
La météo est capricieuse et de nombreux grains avec pluie et vent se succèdent mais cela n'a pas l'air de freiner l'enthousiasme de la foule qui continue de danser complètement trempée sous les pluies. La fatigue nous gagnant nous jetons l'éponge à 1H du matin.

Pour le quatrième jour, nous optons pour Bara. Encore une version différente du carnaval. C'est plus chic et plus branché, mais la foule est ici encore plus énorme qu'ailleurs. Les cortèges sont des véritables scènes de concerts sur roues avec les écrans vidéo et les lumières qui s'y rapportent. Le circuit passe sur le front de mer devant les immeubles de luxe. Tous le longs du circuit, beaucoup de Brésiliens ont loués à des prix faramineux leurs balcons avec leurs séjours. Cela s'appelle des camarotes. Tout y est organisé pour voir les blocs passer, s'y restaurer et se désaltérer. Les cortèges qui passent sont les stars de la chanson brésilienne. Au passage de Patricia Costa, la foule est carrément en délire chantant avec la chanteuse tous les morceaux. C'est complètement fou. Nous avons pu trouver un endroit derrière un poteau électrique pour voir passer le cortège. Ainsi protégés, nous ne sommes pas emmenés par la marée humaine.

Il se passe bien une demi heure entre chaque passage de cortège. Cela permet de diluer un peu la foule et nous pouvons ainsi traverser l'avenue pour aller se restaurer.
A vingt heures, nous décidons de retourner au Pélourinho.
Pour venir, nous avons pu prendre un bus et nous en retrouvons un autre pour le retour. La fièvre du carnaval est partout et les chauffeurs de bus semblent épuisés par ce délire. Lorsque nous montons, le contrôleur nous dit que ce n'est pas le bon bus. Après avoir demandé au chauffeur, il nous répond todos bom (c'est bon !) Un quart d'heure après, voyant que nous ne sommes pas dans la bonne direction nous redemandons au chauffeur qui nous réaffirme que c'est bon. Finalement après réflexion le chauffeur arrête son bus pour essayer d'en trouver un autre qui va à notre arrêt. Les passagers du bus signalent au chauffeur que les gringos vont à contourno ! Nous expliquons au chauffeur que Comercio nous irait aussi ! Et là, l'incroyable se passe. Après consultation avec les autres passagers, le chauffeur fait le tour de la ville au mépris de son itinéraire pour nous conduire au pied de l'élévator ! A la sortie du bus ce sont tous les passagers qui nous disent au revoir dans le fou rire générale .Décidément ce pays est vraiment fou ! J'adore !!

Nous reprenons l'élévator pour retourner dans le quartier historique. L'ambiance est différente plus afro-brésilien. Les costumes sont plus élaborés et c'est à nouveau une symphonie de couleurs. Les blocs ont ici des danseurs qui exécutent des chorégraphies plus recherchées. Nous nous promenons dans les ruelles étroites où se sont des groupes de percussions à pied qui défilent. Nous nous arrêtons épuisés pour déguster une glace où nous pouvons voir le passage des différentes formations.

Ce carnaval est complètement fou dans cette ville tentaculaire. Il se passe des milliers de choses entre le Pélourinho, Bara ou Campo Grande. C'est une orgie de spectacle où il est impossible de tout voir et tout vivre. C'est la fête brésilienne par excellence. Les brésiliens attendent un an l'évènement et plus rien d'autre ne compte pour eux pendant cette semaine de délire. C'est une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie. Nous commençons à prendre un peu le rythme mais après huit heures de carnaval à une heure du matin nous jetons l'éponge et rentrons au bateau.
Il parait que demain cela va être encore plus chaud ! Est-ce possible !!Je vous raconterais cela après

Pour ce cinquième jour de Carnaval, nous avons décidé de partir plutôt dans l'après midi armés d'appareil photos et de camera. Malgré les risques encourus de vol, nous bravons tout cela. Il aurait été dommage de repartir de cet événement exceptionnel sans images.
A 15 heures, nous nous trouvons au carrefour stratégique entre les circuits du Pélourinho et celui de Campo Grande. Les blocs se préparent et la température monte doucement. Nous ne voulions pas rater la formation de Fils de Gandhi. Prévu pour 16h le groupe s'ébranle à 18 heures. Avant eux deux trios électricos sont passés dans ce virage stratégique. D'où nous sommes, nous pouvons voir arriver les différentes formations sur trois axes différents. La foule est dense mais je sors quand même ma caméra pour fixer quelques images. Nous sommes à côté d'un cordon de police et ainsi protégé, je peux filmer à ma guise.
C'est à présent le tour des fils de Gandhi. La formation est ahurissante. C'est à peu près 800 mètres d'une foule d'hommes habillés de bleu et de blanc avec des turbans indiens blancs ornés d'un macaron bleu. La remorque énorme où se trouve la formation musicale descend doucement vers nous. Les percussionnistes sont habillés de bleu et blanc avec des coiffes romaines dorées, la musique et le rythme nous envahissent malgré nous. Nous arrivons à faire quelques images pour garder ses moments dans nos mémoires. Apres le passage de cette énorme formation, nous remontons vers le Pélourinho pour essayer de trouver des endroits pour se restaurer.
Dans la vieille ville, l'ambiance est différente et les formations sont plus traditionnelles. Des groupes composés de cuivres et de percussions se faufilent précédés par des danseuses dans les ruelles étroites.

Il est 22 heures, après s'être posés à une terrasse pour déguster une ca&iunl;pirina le redémarrage est dur après ces 5 heures de carnaval. Nous abandonnons et rentrons au bateau exténués mais heureux d'avoir vécus ces moments là et d'en ramener quelques images.
La fatigue de ces quatre jours se fait ressentir. Nous décidons, avant d'entamer le retour vers le nord, d'aller se reposer à Ribera en zappant les deux derniers jours loin de la folie carnavalesque. Je pense que nous avons eu notre compte d'émotions et que les deux derniers jours de cette fête monstrueuse ne sera que la répétition de ce que nous avons vu en un peu plus intense.
Arrivés à Ribera, nous apprécions le calme loin des sonos de la ville.

Richard Bessenay