22 mètres 50, l’eau n’est pas très claire et plutôt fraîche, au large de Brescou nous planons lentement au dessus d’un champ de gorgones oranges parsemé de cérianthes – ces animaux au corps mou avec de beaux tentacules jaunes - quand soudain, surgie de nulle part, nous croisons le chemin d’une grande méduse. Sa nage tranquille nous permet de l’approcher mais – comme avec toutes les méduses - nous restons attentifs à ses longs filaments blancs d’autant qu’ils traînent sur près de 3 ou 4 mètres.

Son ombrelle de 30 cm de diamètre où rayonne une alternance de bandes marron et blanc cassé nous indique qu’il s’agit de l’espèce Chrysaora hyoscella, espèce commune en Méditerranée.

Nous en croiserons d’autres vers la surface, tout comme il y a quelques jours entre Rochelongue et le Grau d’Agde mais les pêcheurs professionnels les ont aussi observées à 60 mille au large.

Toujours aussi curieux, à partir de 4 à 5 mètres et jusqu’en surface, nous nous retrouvons dans une quantité impressionnante de petits animaux souvent translucides, parfois des centaines au mètre carré ! Le masque collé à ces créatures nous révèle des formes bizarres ou plus communes telles ces méduses miniatures.

Et des phénomènes étranges aussi comme ces iridescences dans les couleurs de l’arc en ciel développées par réfraction de la lumière sur les bords de ces étranges animaux. qui appartiennent à l’embranchement des Cténophores.
Nous sommes en présence de plancton, de zooplancton plus exactement qui a du profiter de courants ramenant ces habitants du grand large à la côte. Car ce « bloom » a concerné toutes les côtes agathoises, des Battuts à la Roquille où la limite plage – mer était couverte de petites méduses toutes rondes ou agglomérées pour former une sorte de pâte un peu visqueuse qui se désagrègera vite avec l’action du vent, du soleil et des vagues.

L’observation en mer n’étant pas suffisante, des compléments ont été apportés par les photos sous-marines et par une autre « plongée », dans les bouquins de biologie marine cette fois, pour essayer de déterminer ces espèces complexes.
C’est alors que les formes bizarres ont pu être associées à des noms tout aussi bizarres ; Beroe ovata, Salpa democratica, Bolinopsis infundibulum, Hormiphora plumosa et bien d’autres encore dont plusieurs méduses parmi les 16 représentantes méditerranéennes.

Ces eaux troubles ont donc une raison : certes des fonds souvent vaseux mais surtout une grande richesse en microorganismes qui donne à cette partie de la côte Méditerranéenne tout son intérêt en biodiversité marine puisque ces espèces vont en nourrir d’autres comme les poissons eux-mêmes mangés par les mammifères marins par exemple ou les oiseaux de mer.

Ces campagnes d’observation en mer sont menées par l’équipe mer de l’ADENA : Aude, stagiaire universitaire, Sylvain, nouveau venu dans l’équipe, Mathieu et Renaud.
Elle bénéficient du soutien logistique de plusieurs membres du GEPPCA (Groupe des Ecoles de Plongée Professionnelle du Cap d’Agde) et des magasins Subchandlers. Elles s’inscrivent dans le cadre du Défi territorial sur la zone marine d’Agde et du Cap (aidé par l’Agence de l’Eau et le Conseil Régional) comprenant l’inventaire des richesses sous-marines du Cap d’Agde pour élaborer un plan de gestion global sur le milieu marin et des actions partagées concrètes de gestion à venir (mouillages respectueux de l’environnement, sensibilisation du public …).

Pour en savoir plus rejoignez nous au Week-End Bleu des 21 et 22 mai 2005 au Cap d’Agde pour rencontrer l’équipe mer de l’ADENA, découvrir affiches, dépliants d’information, fiches enquêtes espèces, vidéo, conférence diaporama sur les richesses sous-marines des eaux agathoises samedi 21 mai à 17h30 à l’Aquarium du Cap et découverte du sentier sous-marin dimanche 22 mai à 14 h (inscription au stand au Week-End Bleu).

ADENA
Association de défense de l’Environnement et de la Nature des pays d’Agde
Domaine du grand Clavelet 34300 AGDE
Tél : 04.67.01.60.23 adena-bagnas@tiscali.fr