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Posté : 17-04-2010 icone du post

Reçu de Richard le 17 avril
De la Martinique à la Guadeloupe

J'appareille au petit matin du Marin. C'est 30 milles qui me séparent de la prochaine escale. J'ai décidé de relâcher à St Pierre pour visiter cette ancienne capitale de la Martinique avant la catastrophe du début du siècle. L'éruption de la montagne pelée avait à l'époque quasiment rasée la ville. Une seule personne avait du son salut grâce à son incarcération au cachot de la prison. La ville ne s'est pas développée de façon outrancière et l'harmonie de l'architecture n'a pas été altérée. On retrouve des petites maisons créoles ainsi que des bâtiments administratifs et un marché traditionnel. Le tour de la petite ville est vite fait. J'avais prévu de faire ma sortie administrative ici comme cela est précisé dans tous les pilotes charts. Malheureusement le point douane qui se trouvait dans un bar n'existe plus. C'est ainsi que je quitterais le département Français sans sortie officielle du territoire.

Je traverse le canal de la Dominique avec un alizé est de 15 nœuds qui me propulse à Roseau. Tout de suite un boat boy vient à ma rencontre pour me proposer une bouée. Je l'accepte sans rechigner car les fonds descendent très vite. Cette bouée qui est à une centaine de mètres du bord est accrochée à une profondeur de 35 mètres.

Je comprends vite que Poncho l'homme qui s'occupe des bouées payantes est le ca&iunl;d du coin. Pour autant il n'en reste pas moins très sympathique. Grâce à lui j'ai compris que je n'aurais aucun souci pour la sécurité de mon bateau.
Pour quelques dollars il se propose de m'accompagner aux douanes pour la clearance.

Le premier contact avec la Dominique me change des autres iles cara&iunl;bes. Les gens ici sont beaucoup plus cool et semblent heureux de recevoir des touristes. Le premier contact se fait avec la douane où les formalités même sans sortie du territoire Français se fait sans histoire avec décontraction. Le fonctionnaire me fait carrément une entrée et une sortie afin de m'éviter de revenir.

Je décide de me promener dans cette petite ville qui est la capitale de l'île. Je suis agréablement surpris de voir les gens que je croise, me saluer et souvent me souhaiter la bienvenue sans arrières pensées mercantiles. Le développement intempestif du tourisme de masse n'a pas encore pourri cette île qui reste authentique mais pour combien de temps ?

Les croisiéristes Costa et autres avec leur hlm des mers commencent déjà à déverser tous les jours des milliers de voyageurs. Des armées de touristes en shorts et teeshirts souvenir de leur dernière escale, coiffés bob sur la tête partent à l'assaut des boutiques souvenirs. Déjà certains lieux touristiques ont étés aménagés pour eux. Je crains que dans les prochaines années la sympathie naturelle des dominicains en soient complètement corrompue. Cela ne fait que démontrer une fois de plus que les deux cancers de la planète sont la télé et le tourisme de masse.

Lorsque l'on arrive en Dominique contrairement à la Martinique on découvre une île montagneuse envahie par la forêt tropicale avec un développement immobilier très faible, ce qui ne détruit pas le paysage. La grande majorité des maisons restent traditionnelle. Je décide donc de rester un jour de plus pour visiter un peu mieux cet endroit.

Le cher Poncho qui n'est jamais en reste de petit bisness avec les plaisanciers me propose un tour hors des sentiers battus à la découverte du centre de l'ile. Pour l'occasion il s'est débrouillé pour trouver d'autres personnes sur d'autres bateaux afin de remplir son minibus. Nous nous retrouvons un petit groupe de 6 marins pour ce tour différents des itinéraires touristiques traditionnel.

Le petit bus s'ébranle et attaque la montagne par sa route en lacets. Le réseau routier est des plus sommaires et les véhicules ont des fois du mal à se croiser. Le revêtement n'est pas toujours présent et ce n'est pas des plus rassurant de surplomber des à-pics vertigineux. C'est sans doute le prix à payer pour s'extasier sur des points de vue magnifiques avec en toile de fond derrière la forêt tropicale l'océan atlantique.

Au bout d'un chemin à peine carrossable dans la moiteur de la forêt tropicale nous arrivons à la maison de Mo&iunl;se. C'est un vieux rasta installé ici depuis des lustres qui à construit une cabane amélioré qui fait fonction d'étape où l'on peu boire une bière et manger sa soupe bio . C'est aussi le départ de l'excursion pour aller découvrir la fameuse chute Victoria.


Ici il n'y a pas de parcours aménagé. La nature est restée brute et notre chauffeur nous montre le chemin qui grimpe dans la forêt. A plusieurs reprises les passages à gué sont des plus acrobatiques mais les beautés naturelles ne se dévoilent pas sans efforts. Au bout de quarante cinq minutes de marche et de petites escalades nous arrivons devant cette fameuse chute. La rivière majestueuse troue cette immensité verte pour s'écraser quelques centaines de mètres plus bas. Encore quelques efforts et je vais pouvoir aller me baigner au pied de ces chutes. La fraicheur de l'eau dans cet univers moite vaux bien les efforts que nous avons fait pour arriver jusqu'ici.

Une fois redescendu au point de départ nous nous arrêtons chez Mo&iunl;se. Le personnage et son univers semble sorti d'un roman. Le vieux rasta cuisine les légumes qu'il fait poussé dans son jardin sur du feu de bois dans un appentis de sa cabane. (Accrocs aux normes d'hygiènes s'abstenir.) Dans le gros chaudron glougloute une espèce de pot au feu rasta végétarien. Il nous sert cela dans des calebasses avec comme cuillère un morceau de noix de coco sculpté au couteau. Abstraction faite des aprioris sur l'hygiène et la couleur du ragout, ce plat fait de nombreux légumes est surprenant et je n'hésiterais pas à en reprendre une seconde fois. A la fin du repas malgré les bières consommées, Mo&iunl;se nous fera déguster son rhum au haschich. Après ce traitement la route retour nous semblera beaucoup moins dangereuse.

Dans le programme prévu par Poncho il nous reste à voir les sources chaudes. Pour une fin d'après midi après le traitement que nous avons subit cette ballade s'avère beaucoup plus relaxe. Après une petite heure de minibus nous arrivons dans un lieu aménagé. Une petite maison d'hôte à organisé son terrain en véritable jardin d'Eden. Le petit chemin qui descend vers la rivière est bordé d'une barrière en bambou.

Là, la forêt à été domestiqué et ordonnée. C'est ainsi que nous pouvons admirer des plantes et des fleurs mise en valeurs. Au bout du chemin un bassin recueille l'eau chaude sulfureuse. Des canalisations en bambous dans un recoin du terrain alimentent de vieilles baignoires en fonte. Je ne résiste pas de prendre un bain dans ces baignoires ou l'eau est à la parfaite température. Ce bain dans cette salle de bain en pleine nature me semble complètement irréaliste. Si je ne devais pas rentrer au bateau je me serais facilement endormit dans cet écrin de verdure.

Apres une bonne nuit de sommeil effaçant la fatigue de la veille j'appareille pour Portsmouth. Les vingt milles qui me sépare de ma prochaine destination grâce à petit vent de nord est sont avalé en en moins de 4 heure. En Arrivant dans la baie j'amène les voiles et continue au moteur à cause d'un vent de face. En plein au milieu de la baie, un grand bruit me surprend s'en suit des vibrations anormales. En diminuant le régime moteur les vibrations s'atténuent. J'arrive quand même tant bien que mal à prendre une bouée sans forcer sur le moteur.

Le décor change mais les boat boys sont toujours là. Je ne rechigne pas à payer le huit euros pour avoir la paix et la tranquillité. La baie a une petite allure de fin du monde à cause des diverses épaves de cargo échoués ici et là depuis le dernier cyclone. Le petit bourg s'étire le long du front de mer parsemé d'épaves rouillées. Ce n'est pas vraiment la misère mais les habitations en planches ne reflètent pas l'opulence. La ville est vite visitée ne comportant qu'une seule rue. Une fois l'aller retour fait on a quasiment tout vu.

Ce qui est fantastique à notre époque c'est que malgré les coins reculés on arrive toujours à trouver une connexion Wi-Fi pour être connecté au reste du monde. C'est ainsi que j'achète un ticket de connexion pour 24 heures dans une paillote au bord de la plage.

Des amis m'avaient recommandé un restaurant qu'il ne fallait en aucun cas rater. Aussi je décidais d'y aller. Il fallait vraiment que les propriétaires soient Suisses pour inventer leur recette fétiche. C'est la fondue de poisson ! Cette fois-ci point d'emmental, mais un bouillon de poisson aromatisé dans lequel on trempe des petits carrés de poisson cru que l'on peut assaisonner avec diverses sauces comme la fondue bourguignonne. C'est vraiment une recette originale avec laquelle je me suis régalé.

Avant de rentrer au bateau mes pas me guident vers une paillotte où la musique rasta hurle à tue-tête. L'endroit est sombre et ressemble plus à un hangar qu'à un bar. Lorsque les yeux s'habituent au manque de lumière on distingue un comptoir dans la fumée. Les rastas appuyés contre les murs fument leurs joints tranquillement pendant que d'autres dansent ondulant en lenteur sur la musique. Je commande une boisson et observe les scènes. L'endroit respire la tranquillité. On ne ressent aucune agressivité et les filles dansent sans être dérangée. L'une d'entre elle m'invitera même à danser. L'heure avançant je rejoint le bateau, demain il faut que j'appareille pour les Saintes. La Dominique me réconciliera avec le cara&iunl;bes

Au petit matin je vérifie mon moteur pour essayer d'identifier cette vibration anormale. Visiblement il n'y a rien du coté des silentblocs. Apres avoir enfilé mon masque et mes palmes, je décide d'aller voir sous le bateau ce qui s'y passe et là, surprise !! Je n'en crois pas mes yeux. Il manque un morceau des trois pales de mon hélice. Je comprends instantanément l'origine de la vibration et l'explication du grand bruit de la veille. J'ai du toucher un bout de bois entre deux eaux qui a brisée la pale. Tout ceci veut dire qu'avant le remplacement de l'hélice l'utilisation du moteur va être pratiquement impossible. Les vibrations risquent de détruire le presse étoupe ou les roulements de l'inverseur. Il va falloir se la faire à l'ancienne tout à la voile ; le moteur juste au dernier moment à pas plus de 1200 tours.

L'arrivée dans l'archipel des saintes est un peu délicate avec un vent Nord Est. Tout le parcours se fait au pré et je suis légèrement bousculé dans le canal par une mer formée. Il faut passer entre les augustins et terre de bas puis laisser le chameau à bâbord. Ensuite le près devient près très serré et il faudra deux bords pour rejoindre le mouillage devant le bourg des saintes.

C'est le décor de carte postale (un peu trop à mon gout) Les petites maisons sont bien rangée autour de la baie ou domine le fort. La mer nous joue une symphonie de bleu et l'eau est limpide. Malheureusement le mouillage est déjà envahit par une cinquantaine de bateau. En me faufilant j'arrive à trouver une place pour la belle Marie Alice et je laisse glisser mon ancre dans cette eau transparente. Je décide de m'arrêter deux jours ici car les conditions de vent ne sont pas les meilleurs pour rejoindre la Guadeloupe.

Cette petite île est la copie de Porquerolles. Tout y propre et bien rangé. Dans la journée le promène couillons déversent des centaines de touristes et à 18 heures l'île se vide avec le dernier bateau pour la Guadeloupe. Là, pas de blacks ! Que des Whites !! C'est le décor de poupée avec des petites routes bien organisées et bien balisées. C'est vrai que le décor est magnifique et lorsque l'on monte au fort on a une vue magnifique sur toute l'ile découpée comme de la dentelle. Afin de mieux profiter de ce décor et de visiter les anses reculées je loue un scooter qui me véhiculera dans tout les recoins.

La visite des Saintes est vite faite. Comme beaucoup j'ai été visité le musé dans le fort et je me suis promené en scooter. Tous les gens ici se déplacent en scooter si l'on ajoute ceux de locations on peut dire que c'est vraiment l'île au scooter.

Il faut que j'avance. Eole est devenu plus clément et je décide d'appareiller pour Pointe à Pitre. Ce n'est plus la même musique avec ce vent Nord Est et cette panne de moteur il va falloir tirer des bords. Le canal entre les îles est assez agité. Les vagues entre deux mètres et deux mètres cinquante font danser Marie-Alice mais elle en a vu d'autre et elle ondule se jouant de la mer en me gratifiant d'une vitesse entre 6 et 7 nœuds. Il faut que je me résigne à accepter que les 30 milles qui me séparent de la marina du bas du Bas du fort deviendront 65 milles après tout ces bords.

La carte me signale un endroit mal pavé et il faut que je sois vigilant pour contourner les obstacles. Une fois identifié la première bouée du chenal je me laisse guider jusqu'à la marina pratiquement à la voile jusqu'à la fin. L'accueil VHF est très sympathique et un employé du port vient à ma rencontre pour m'indiquer la place et m'aider à prendre la bouée. Il est 17h30 Marie-Alice est correctement amarré dans une place de port : la mission est terminée capitaine. Je vais pouvoir m'occuper à panser les petits bobos de la belle Marie. Lundi à la première heure je vais aller à la base Amel pour trouver un fournisseur pour une nouvelle hélice et un mécano qui va définitivement régler mes problèmes de courroie.

Je suis au ponton d'accueil des bateaux en transit. Le comique de la situation est de me retrouver à coté d'un Amel 54 (C'est le même club mais ce n'est pas la même division.) Il ya beaucoup de nationalité et au bout de quelques jours certaines amitiés se nouent. C'est ainsi que je rencontre un ancien officier supérieur de la marine nationale qui navigue sur un Feeling 9.50. C'est un personnage haut en couleur et breton de surcroit avec qui je passerais une soirée mémorables suivit d'un matin douloureux !

La visite de Pointe à pitre ne m'a pas laissé des souvenirs intarissables. Comme Fort de France se sont des villes qui ont du mal à afficher leur identité. Par contre depuis la dernière grève qui à mis parterre l'économie de l'île, il semblerait que les guadeloupéens aient compris la leçon. L'accueil est paradoxalement plus sympathique qu'en Martinique. Le désintérêt d'une grosse partie du tourisme mondiale et les baisse de fréquentation de 30% y sont peut être pour quelque chose.
Antinea

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