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Posté : 27-09-2008 icone du post

De Papagayo à las Palmas

Nous quittons Arrecif avec une petite brise de nord est qui à du mal à se maintenir autour des 10 nœuds. Nous avons quinze milles à faire et la vie devant nous alors nous nous laissons glisser au gré du vent bercé par la houle. Les nouveaux leurres pour la pêche que je viens d'acheter n'ont pas l'air d'être très efficaces. Qu'importe le voyage nous apprend à prendre et à accepter ce que le jour nous amène. Cela fait à présent plus de trois mois que j'ai quitté mon port d'attache. C'est maintenant que je prends le juste rythme. J'ai vraiment intégré le principe du Demain est un autre jour C'est ainsi que je me surprends d'attendre le vent les voiles battantes. Le voyage est d'abord une invitation à la méditation pour cela il est important de briser les amarres et oublier toutes les futilités que l'on croyait indispensable.

Le paysage défile doucement. Lanzarote est vraiment une terre de désolation. A voir ce paysage on se rends compte que les habitants ont du travailler dur pour faire pousser deux trois légumes. De plus avec leur façon de faire pousser la vigne autour de muret de pierre de lave on comprend pourquoi ce vin de qualité très moyenne est si cher. Pour l'élevage on se demande ce que pourrait bouffer ces pauvres bêtes, alors il leurs reste au moins la pêche. Marie-Alice file 4 nœuds et glisse sur le bleu marine de l'atlantique avec juste le clic clic du pilote automatique qui rythme tel un métronome la route. Nous parcourons les 15 milles qui nous sépare de notre prochaine étape en 4 heures. J'en vois déjà qui sourit devant cette moyenne d'escargot. Pourtant connaissent ils vraiment le plaisir de somnoler dans le cockpit avec un vent portant et une mer assez discrète qui a la délicatesse de nous bercer sans nous bousculer. Nous doublons la pointe de Papagayo pour aller planter notre pioche devant la plage de Las Mujeres Malgré les quelques rochers il est facile de trouver un fond de sable pour sécuriser son mouillage.

Las Mujeres quel programme !! Nous sommes à une distance suffisante de Playa Blanca, la rôtissoire à teuton pour apprécier ce site sauvage. Peut être est-ce cette nature nue qui pousse certains adeptes au naturismes. Serait-ce pour cela le nom : Las Mujeres ? Malheureusement ce n'est pas toujours ce que la nature à fait de plus beau qui se dévêt dans ce genre d'endroit. Il en faut pour tous les goûts et les fans de Botéro y trouveront leurs comptes. Nous restons deux jours ici pour apprécier le charme. C'est dommage que les traînes couyon à moteur ou cata à voile viennent polluer ce lieu.

Certainement certains penseront que c'est très égo&iunl;ste de vouloir garder pour soi ses endroit magique. Mais la nature doit se mériter et s'apprécier. Je ne crois pas que ces bateaux remplis à ras bord de touristes armés d'appareil photos et de cornets de frites diffusant de la mauvaise musique et des commentaires soient la meilleure façon de découvrir ce genre de lieu. Là encore chacun voit midi à sa porte. Cependant lorsque l'on voit les désastres immobiliers dans ces natures sauvages pour enrichir quelques promoteurs sans scrupules, je pense que l'on est en droit de se poser quelques questions. Je vous laisse vous les poser. Le lendemain matin nous partons à la découverte de Playa Blanca. C'est une citée balnéaire crée de toute pièce installée sous la pointe sud de Lanzarote. On se croirait vraiment à Disneyland mais qu'importe nous trouvons une épicerie pour acheter les deux trois articles qui nous manquait et nous parcourons les trois kilomètres de chemin qui nous sépare de la playa de las mujeres.

Demain nous partons pour l'île de Lobos.

Une bonne brise de nord est nous pousse dans le bon sens pour nous faire traverser ce chenal entre Lanzarote et Fuerteventura. L'allure grand largue nous pousse à 5 nœuds en douceur jusqu'à Coralero. Nous projetions de nous arrêter derrière l'île de Lobos où nous avions repéré un mouillage sympathique sur les instructions nautiques. Mais il faut se résigner en sachant que c'est Neptune et Eole qui décident. Aussi il faudra oublier le beau mouillage décrit dans le guide Imray, la houle et le vent en ayant décidé autrement. S'arrêter ici nous aurait promis des soirées agitées à danser le Sertaki au mouillage. La décisions a été rapide en un coup de VHF nous décidons Jomandi et Marie-Alice de zapper l'endroit pour filler vers le prochain mouillage Pozo Negro. Il nous reste 21 milles à parcourir. Eole n'est pas très généreux et nous pousse tant bien que mal en gonflant à peine nos voiles.

Nous arrivons à Pozzo Negro en fin de journée. La descente de Fuerteventura ne nous a pas offert des paysages exceptionnels. Comme sa voisine Lanzarote elle nous présente une côte aride dénuée de toute végétation.

Quelques complexes industriels viennent finir de noircir le tableau. Doublé la punta del Viento nous arrivons à notre destination. Le mouillage est clair et facile nous posons nos ancres sans difficulté. La nuit ne sera pas tranquille car une houle de nord en a décidé autrement. Marie-Alice se dandine. Nous passerons toute la nuit à rouler dans la couchette et le matin le déjeuner à bord est vraiment très inconfortable Après cet exercice de jonglage avec les bols et les tartines, nous partons en quête d'un robinet d'eau pour remplir nos jerricans. L'arrivée en annexe sur la plage de sable noir ou la houle déferle est un exercice de voltige. Il faut atterrir entre deux trains de vagues. Le plus compliqué est de faire le chemin dans l'autre sens sans noyer l'annexe. Cette petite anse semble avoir été oublié du tourisme. Les quelques maisons de pêcheurs ont un charme certain mais la plage de sable noir sous ce ciel couvert n'est pas très guai. Après avoir dansé toute la nuit au tempo de seigneur Atlantique nous avions qu'une seule idée lever l'ancre et partir. C'est ainsi que notre prochaine étape nous conduit à Grand Tarajal.

C'est un port avec des pontons pour les plaisanciers de passage. De l'eau et de l'électricité, c'est le luxe. Nous profitons de cette courte escale pour faire la grande lessive. Tout y passe les vêtements, l'équipage et bien sur Marie-Alice qui n'y avait pas eut droit depuis Rabat. Sur ce nous avions oublié Crevette. Pas de problème elle sera malgré ses réticences shampooinée. Grand Tarafal est une petite ville où tous les commerces sont représentés. Nous en profitons pour faire le complément de course qui nous manque. Ce manque de frigo nous oblige à gérer l'avitaillement différemment. Mais patiente si tous va bien avec Las Palmas nous aurons les glaçons ! Après cette journée de travail intense de nettoyage et de bricolage nous prenons le temps d'aller visiter la ville. Je pars en quête d'un café Internet et Nathalie de super marché. Nos amis ont décidé de repartir pour un prochain mouillage le lendemain après-midi. Personnellement, fatigués de la danse rock an roll du dernier mouillage et la grande lessive nous décidons de rester une nuit de plus pour profiter du confort du port. Nous rejoindrons Jomandi après demain. Cela nous change de ne pas être obligé de compter les litres d'eau lorsque l'on prend une douche, aussi nous nos en donnons à cœur joie et je finis les quelques bricolages de maintenance.

Nous quittons le port de Grand Tarajal le matin à neuf heures. C'est la pétole de chez pétole. Auparavant nous avons pu joindre Jomandi par VHF qui nous a donné la position de leur mouillage. 11 milles nous séparent et l'ami Volvo nous est de grand secours. Nous sortons les cannes à pêche sait on jamais ? bien nous en a pris à quatre milles de l'arrivée un maquereau d'environ 400G a eut la généreuse idée de s'accrocher à mes leurres. Cela fera un excellent plat pour ce soir.

Les instructions nautiques nous informe d'une zone d'accélération du vent sur certains points de la cote. C'est l'endroit que Jo&eunl;l a choisi pour mouiller Jomandi. Les prévisions météo n'annonçant que de légères brises ces zones ne sont pas réellement à redouter. On peut discerner facilement ces couloirs de vents sur la mer d'huile par des risées bien marquées. A 3 milles de l'arrivée le vent serait suffisant pour établir une voile. Mais cette fois-ci on se croirait en méditerranée car le vent est pile dans le cap. N'étant pas comme je l'ai déjà dit un intégriste voileux, je n'envisage pas tirer des bords et laisse l'ami Volvo nous conduire jusqu'à la fin.

C'est une immense plage de sable avec des complexes touristiques impressionnants. D'où nous sommes cela n'est pas très gênant. Nous mouillons assez loin de la plage et nous avons une vue sur les deux autres baies assez sauvages bordées de petites falaises plongeant dans l'océan. Nos deux bateaux sont seuls sur ce bleu azur. C'est réellement jouissif de se retrouver seul dans les mouillages sans à avoir a se soucier de nos zones d'évitages.

Nous décidons de mettre pieds à terre et surtout pattes à terre pour crevette et nous partons en exploration pour visiter cette réserve de touristes teutoniques. Comme je le disais impressionnant ! Les Hôtel club sont ceinturé de murs et grillage comme si ils étaient en Irak. Les parasols sont alignés au cordeau et les touristes blanchâtres se font rôtir un coup pile et un coup face. On pourrait même imaginer qu'un animateur donnerait le signal pour chaque face de cuisson.

La côte est franchement défigurée par ces constructions qui semble directement sortie de péplum. Les architectes fous ont du s'en donner à cœur joie au mépris total de l'environnement. Le plus dingue est un complexe hôtelier qui s'articule autour d'une réception en forme de cathédrale avec flèche et vitraux d'une hauteur d'une dizaine d'étages. Là aussi tout est clôt par des grilles de plus de deux mètres. La question que l'on se pose est de savoir si ces grilles sont faites pour empêcher d'entrer ou pour empêcher de sortir, enfin j'arrête d'être médisant mais je reste quand même éberlué par la reconstitution d'un ensemble de cascades passant sous des ponts pour finir dans un bassin bordé de sable fin. Toute cette eau douce au pays de la sécheresse semble quand même un peu déplacée. Pour finir une serre immense bien sur climatisée avec des plantes exotiques vient achever cette débauche d'énergie. Les déssalinisateurs et les centrales électriques ont intérêt à tourner à plein régime. Devant ce spectacle on se rends compte que la société de consommation aveugle et stérile à encore de beaux jours devant elle. Rentré sur nos petits bateaux ces réflexions sur ces modes de vie ne nous concernent finalement pas beaucoup. Le lendemain nous filons vers le port de Moro Rablé la pointe extrême sud de Fuerteventura Ici les ravages du béton ont été un peu moins sévère et nous mouillons devant le petit bourg devant une falaise et une plage de sable fin. Les promoteurs n'en ont pas pour autant oublié leurs intérêts et quelques barres blanchâtres et autres clapiers viennent enlaidir ce petit coin qui devait être magnifique il y a quelques années. La petite ville a un cachet de bourg de pêcheurs et nous trouvons tous les commerces. Plus loin le port a été réaménagé et comporte à présent des pontons plaisance à des prix plaisance . Nous leurs préférons ce mouillage confortable sur du sable. D'ailleurs cela semble être le raisonnement de plusieurs bateaux car nous nous retrouvons une dizaine dans cet endroit mais le coin est assez vaste pour ne pas se gêner. Nous passerons la nuit ici avec en prime une connexion wi-fi non verrouillée qui nous a permis de surfer sur le net toute la soirée.

Le lendemain matin nous avions décidé de nous approcher de l'extrême pointe sud ouest de Fuerteventura. C'est ainsi que nous avons fait une courte escale devant la Bahia de la Cruz. Ce coin qui ressemble à une plage du bout du monde nous a fait oublié toute les atrocités bétonnée du reste de l'île. Le phare et le village de pêcheur sur la falaise ont gardé leurs authenticités. Le sable blanc et l'eau turquoise complète la carte postale.

La balade sur ce cap ou les deux coté de l'île sont visible nous font découvrir la cote au vent où la houle vient se briser. Il n'y a pas beaucoup de vent mais on peut imaginer que lorsque le vent Nord ouest souffle très fort avec sa houle venue du bout de l'atlantique que le spectacle doit être impressionnant.

Afin de bénéficier de la petite brise qu'a bien voulu nous donner Eole, Nous avons décidé de partir à 17Heures. Ce n'est pas l'heure idéale pour traverser les 48 milles qui nous séparent de Las Palmas mais c'était ça ou l'ami volvo. Ce sera une traversée pépère où Marie- Alice malgré ses trente ans tiendra tête à Jomandi.

Elle a fière allure la Marie avec les 7 ou 8 noeuds de brise au près elle étale sans complexe 4nœuds de vitesse. LA traversée est une invitation à la méditation. Nous glissons sur l'océan sans aucune secousse ni gîte avec en guise de plafond la voûte céleste. La température est douce même si on supporte une petite laine. Ce sont des moments assez magiques ou toutes les choses terrestres semblent désuètes. Un moment d'harmonie entre le ciel, l'eau et le bateau. Malheureusement Eole nous lâche à minuit et l'ami Volvo beaucoup plus cartésien nous rappelle à la réalité en nous sauvant de la pétole absolue. Il nous reste 20 milles à faire pour rejoindre Las Palmas. Au loin les lumières de l'île illuminent l'horizon. Avant le coucher du soleil, nous avons pu apprécier le pico del tide sur Ténériffe derrière grand Canaria qui culmine à 3700 mètres. L'approche de Las Palmas devient un peu plus complexe. L'écran du logiciel de navigation nous affiche toutes les cibles AIS et apparemment le trafic est intense dans ce port. Il faut dire que Las Palmas est le port d'entrée de toutes les marchandises de l'archipel des Canaris. A cinq milles de l'arrivée c'est un festival de lumières. C'est assez difficile au milieu de cette illumination de distinguer les feux rouge et vert de l'entrée du port. Derrière la grande digue immense du port, une plateforme de forage est amarrée et illuminé tel une cathédrale. C'est assez rigolo et impressionnant de voir ces masses métalliques érigées à une vingtaine de mettre du niveau de la mer éclairé comme des bâtiments historique. A trois heures du matin nous trouvons le ponton d'accueil et y amarrons Marie-Alice. LA capitainerie ouvrant à neuf heures il nous reste 6 heures de sommeil à apprécier. Demain est un autre jour, une semaine d'escale va me permettre de réparer mon groupe froid et faire la maintenance habituelle.

Richard Bessenay

Message édité par : infocapagde / 27-09-2008 08:46


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