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Thau : l'Etat se mouille contre les corps-morts

mardi 05 décembre 2017

Sujet : Midi Libre

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Midi Libre 04/12/2017

La Préfecture veut faire bon ordre et proposer une alternative.

C'est, là encore, une pratique bien ancrée dans les habitudes en bord de lagune. D'ailleurs, la plupart de ceux qui en usent ne sont pas des touristes. Cherté, pénurie des places dans les ports et aspect pratique, aussi (poser gratuitement son bateau à quelques brasses des rives de l'étang et au plus près de son domicile...) font que sur l'étang de Thau, peu cerné par les infrastructures touristiques, le mouillage illégal est rarement considéré comme une spoliation. Un œarrangement, tout au plus, avec cet espace encore sauvage qu'une simple œbarcasse permet de sillonner. Sauf que voilà : le mouillage illégal, a fortiori quand il se généralise, n'est pas sans conséquence sur les fonds marins (les herbiers notamment), les zones de pêche et conchylicoles (du fait de poids instables, les bateaux au mouillage se retrouvent parfois poussés vers les tables conchylicoles par la tempête). Et puis, ça fait désordre.
Car les bateaux bien visibles, en surface, qui sont déjà légion de l'anse du Barrou, à Sète, en passant par Mèze ou la presqu'île balarucoise, ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Au fond, plusieurs centaines de corps-morts (pneus remplis de béton voire, parfois, batteries de voitures...) gisent dans l'attente d'un hypothétique amarrage. Sans compter les œnavires abandonnés là par leurs propriétaires, autant d'épaves en devenir.

Ph. Nucho : " Traiter progressivement  l'ensemble de l'étang "

L'Etat, associé aux affaires maritimes (désormais Direction départementale des territoires et de la mer) avait déjà tenté, il y a plusieurs années, d'y mettre bon ordre. Ciblant l'anse du Barrou à Sète. Avec des résultats... temporaires.
En cette fin d'année, c'est le sous-préfet Philippe Nucho qui remonte au créneau, bien décidé à " traiter, certes progressivement ", l'ensemble du bassin de Thau.
Vendredi matin, c'est à Mèze que s'ouvrait l'opération. Derrière le camping Beau Rivage, deux vedettes de la brigade nautique de Marseillan, des hommes de l'unité littorale des affaires maritimes et le chef de l'unité cultures marines et littoral de la DDTM, Philian Rétif, attendaient le représentant de l'Etat avant de procéder aux premières extractions de corps-morts. élus mézois et prud'homme local de la pêche assistaient - dubitatifs, pour certains - à l'intervention.
Dans la matinée, 40corps-morts devaient ainsi être extraits de la petite crique mézoise, et une mise en demeure adressée dans la foulée aux propriétaires des bateaux encore présents sur zone. " Nous leur donnons trois semaines pour bouger. A défaut, ce sera un PV de grande voirie pour occupation sans titre du domaine maritime ", détaillait Philian Rétif. La douloureuse ? Dans les 1 500 €, pouvant s'ajouter à une pénalité quotidienne. Dissuasif. A condition, bien sûr, de retrouver les propriétaires. Car sur la question des épaves, c'est bien là où le bât blesse (on se souvient combien de fois, à Sète, l'EPR Port Sud de France a dû financer les opérations de grutage et les évacuations).

Qui paiera l'enlèvement des épaves ?

Henry Fricou, le maire de Mèze, annonçait d'ailleurs la couleur, bien que de manière sibylline : " Faire enlever les épaves, je veux bien, mais comment ? " En d'autres termes : les collectivités devront-elles assumer seules les coûts d'enlèvement des navires dont la DDTM aura constaté la déchéance de propriété ? Il semblerait que du côté de l'anse du Barrou, à Sète, Ville et Agglo travailleraient déjà main dans la main avec les services de l'état. Là, pas moins de 80 corps-morts, et 27 navires recensés comme épaves, " seront évacués d'ici la fin de l'année ", annonçait Philippe Nucho. La Crique de l'Angle, à Balaruc, devant être traitée en janvier.
La progression sera, on l'imagine, difficile, mais la DDTM fait de l'évacuation des corps-morts et des épaves le préalable à toute création de œzones de mouillage et d'équipements légers, légales, cette fois. Et portées par les collectivités. On n'y est pas tout à fait.

Pa. C




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